L’esprit en mouvement : Le Canada et les Jeux paralympiques

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Par Sali Lafrenie

Puisque les Jeux olympiques tirent à leur fin et que les Jeux paralympiques débuteront dans deux semaines, il est temps de jeter un œil sur ces derniers. Les Jeux paralympiques de 2024 auront eux aussi lieu à Paris, du 28 août au 8 septembre, et comprendront 22 sports :

  • Basket fauteuil
  • Boccia (semblable au jeu de boules et à la pétanque)
  • Cécifoot
  • Escrime fauteuil
  • Goalball
  • Para athlétisme
  • Para aviron
  • Para badminton
  • Para canoë
  • Para cyclisme
  • Para équitation
  • Para haltérophilie
  • Para judo
  • Para natation
  • Para taekwondo
  • Para tennis de table
  • Para tir à l’arc
  • Para tir sportif
  • Para triathlon
  • Rugby fauteuil (anciennement appelé « murderball »)
  • Tennis fauteuil
  • Volleyball assis

Si les Jeux olympiques modernes remontent à 1896, les Jeux paralympiques ont une histoire bien différente. Les Jeux paralympiques tels que nous les connaissons remontent à 1984. De 1960 à 1980, ils ont porté un autre nom, les « Jeux internationaux de Stoke Mandeville ».

Les Jeux internationaux de Stoke Mandeville

Bien que les Jeux internationaux de Stoke Mandeville aient débuté en 1960, leur origine remonte à 1948, à l’hôpital de Stoke Mandeville, un village d’Angleterre. Tout comme les Jeux interalliés et les Jeux Invictus, les Jeux de Stoke Mandeville visaient à favoriser la réadaptation des personnes vivant avec un handicap et des anciens combattants. Ces jeux se sont finalement transformés en une compétition sportive à grande échelle.

Au départ, les Jeux ne comptaient que des athlètes en fauteuil roulant. Toutefois, au fil du temps, ils ont accueilli des athlètes d’autres pays, ce qui les a rendus internationaux, ainsi que des athlètes avec divers handicaps, ce qui a conduit à l’inclusion d’autres sports.

Si les Jeux internationaux de Stoke Mandeville sont considérés comme le précurseur des Jeux paralympiques, il existe et a existé de nombreuses compétitions sportives pour les athlètes handicapés, comme les World Abilitysport Games, les Olympiques spéciaux, les Jeux parapanaméricains et les Jeux olympiques des sourds (dont la première édition a eu lieu à Paris, en 1924).

Les photos suivantes montrent des athlètes aux Jeux internationaux de Stoke Mandeville de 1972 dans des sports tels que le tir à l’arc, la natation et le basketball en fauteuil roulant.

Photographie en noir et blanc d’un archer en fauteuil roulant prêt à tirer une flèche, qui porte un t-shirt orné d’une feuille d’érable.

Tir à l’arc, 21e Jeux internationaux de Stoke Mandeville, à Heidelberg, en Allemagne, du 1er au 10 août 1972. (e011783300)

Photographie en noir et blanc de paranageurs dans l’eau, se tenant aux blocs de départ.

Natation, 21e Jeux internationaux de Stoke Mandeville, à Heidelberg, en Allemagne, du 1er au 10 août 1972. (e011783302)

Photographie en noir et blanc de deux équipes de basketball en fauteuil roulant au moment de la mise au jeu.

Basketball, 21e Jeux internationaux de Stoke Mandeville, à Heidelberg, en Allemagne, du 1er au 10 août 1972. (e011783301)

Le Canada et les Jeux paralympiques

Les athlètes paralympiques canadiens ont une longue et brillante histoire aux Jeux paralympiques, auxquels ils participent depuis plus de 50 ans. On peut affirmer sans risque que les athlètes paralympiques canadiens ont tendance à gagner souvent, puisqu’ils se classent au quatrième rang au tableau des médailles des Jeux d’été paralympiques. L’équipe du Canada a établi des records dans les sports suivants : paranatation, para-athlétisme, paracyclisme et basketball en fauteuil roulant. Benoît Huot, Michelle Stilwell, Chantal Petitclerc et Richard Peter figurent parmi les athlètes les plus connus dans ces sports.

Tous ces athlètes ont marqué l’histoire du parasport, chacun à sa manière. Benoît Huot l’a fait aux Jeux de Rio de 2016 en remportant sa 20e médaille paralympique; il a ainsi officiellement égalé le record du deuxième plus grand nombre de médailles paralympiques récoltées en natation. Michelle Stilwell a laissé sa marque dans deux sports différents, le basketball en fauteuil roulant et la course en fauteuil roulant, en remportant au moins une médaille d’or dans les deux sports. La sénatrice Chantal Petitclerc, peut-être l’un des noms les plus connus dans le milieu du parasport canadien avec Rick Hansen, a représenté le Canada à cinq Jeux paralympiques et a remporté 21 médailles. Richard Peter a compétitionné dans cinq Jeux paralympiques, en basketball en fauteuil roulant et en parabadminton. Il a remporté plusieurs médailles avec l’équipe de basketball en fauteuil roulant tout au long de sa carrière. La série documentaire Chiefs and Champions, qui met en vedette des athlètes autochtones représentant le Canada dans le domaine du sport, lui a consacré un épisode.

Photographie en couleurs d’athlètes portant des vestes rouges d’Équipe Canada, l’un serrant la main du premier ministre à l’avant-plan et une autre parlant à une femme à l’arrière-plan.

L’athlète paralympique Benoît Huot à une cérémonie de reconnaissance sur la Colline du Parlement, avec le premier ministre Stephen Harper. Crédit : Jason Ransom. (MIKAN 5586583)

Photographie en couleurs d’athlètes portant des vestes rouges d’Équipe Canada, assis dans des fauteuils roulants et se déplaçant en file pour serrer la main de députés.

Les athlètes paralympiques Michelle Stilwell et Jason Crone à une cérémonie de reconnaissance sur la Colline du Parlement, avec le premier ministre Stephen Harper. Crédit : Jill Thompson. (MIKAN 5609841)

Photographie en couleurs d’athlètes; trois d’entre eux assis à l’avant dans des fauteuils roulants et portant des médailles paralympiques, et sept autres assis sur des bancs à l’arrière.

Les athlètes paralympiques Tyler Miller, Marco Dispaltro et Richard Peter à une cérémonie de reconnaissance sur la Colline du Parlement, avec le premier ministre Stephen Harper. Crédit : Jason Ransom. (MIKAN 5609841)

Temple de la renommée paralympique canadien

L’influence des Canadiens sur les Jeux paralympiques va bien au-delà de la compétition elle-même. Le Temple de la renommée paralympique canadien compte actuellement 42 personnes intronisées, réparties en trois catégories : les bâtisseurs, les entraîneurs et les athlètes.

Parmi les bâtisseurs importants, le Dr Robert W. Jackson, un chirurgien orthopédique, a fondé l’Association canadienne des sports en fauteuil roulant et a été l’un des plus ardents défenseurs du parasport. Bien que l’héritage du Dr Jackson réside avant tout dans ses contributions au domaine médical en tant que pionnier de la chirurgie arthroscopique, il a laissé également sa marque dans le monde du sport. En dehors de son travail de promotion du parasport, le Dr Jackson a travaillé avec des athlètes professionnels de deux ligues majeures : la Ligue canadienne de football (Argonauts de Toronto) et la National Basketball Association (Mavericks de Dallas). En 1976, il a été chargé d’organiser les Jeux paralympiques de Toronto, également connus sous le nom de « Torontolympiades ». Tous ces éléments, et bien d’autres, sont décrits dans le fonds du Dr Jackson ici même, à Bibliothèque et Archives Canada.

Un autre intronisé notoire du Temple de la renommée est Eugene Reimer. Il a fait partie de la première équipe paralympique canadienne et s’est avéré un athlète dominant en fauteuil roulant. Tout au long de sa carrière sportive, Reimer a remporté 10 médailles lors de quatre Jeux paralympiques, et plus de 50 médailles lors de compétitions nationales et internationales. Il a également été nommé athlète masculin canadien de l’année pour ces réalisations. Véritable compétiteur, Eugene Reimer était un athlète complet, aux multiples talents, qui a joué pour l’équipe de basketball en fauteuil roulant des Vancouver Cable Cars, la même équipe dont ont fait partie Rick Hansen et Terry Fox en Colombie-Britannique. Voyez au centre de la photo suivante Reimer à la compétition de para-archerie aux Jeux de 1972.

Photographie en noir et blanc d’une rangée d’archers assis dans leurs fauteuils roulants.

Eugene Reimer du Canada, tir à l’arc, 21e Jeux internationaux de Stoke Mandeville, à Heidelberg, en Allemagne, du 1er au 10 août 1972. (e011783299)

Athlètes et sports à suivre

Pour en revenir à Paris 2024, penchons-nous maintenant sur quelques athlètes et sports à surveiller!

Compte tenu des succès du Canada en paranatation, il est logique de commencer par là. Cette année, le Canada envoie 20 paranageurs et paranageuses à Paris. Même s’il y a certains nouveaux visages, il y a aussi plusieurs athlètes que nous connaissons bien, comme Aurélie Rivard, Nicholas Bennett et Katarina Roxon, qui participera à ses cinquièmes Jeux paralympiques.

Bien que beaucoup de sports soient communs aux Jeux olympiques et aux Jeux paralympiques, ces derniers se démarquent grâce à des disciplines qui leur sont propres, comme le goalball. Si vous n’avez jamais regardé du goalball, attendez-vous à vivre un moment passionnant… et si vous avez déjà regardé un match, vous savez exactement ce que je veux dire! L’équipe féminine canadienne de goalball a connu beaucoup de succès récemment et historiquement, assurant sa place à Paris en remportant la médaille d’or aux Jeux parapanaméricains de 2023.

Tout comme les Jeux olympiques, les Jeux paralympiques sont en constante évolution. Cette évolution se traduit parfois par l’ajout ou l’élimination de sports, et parfois par l’atteinte d’une plus grande parité entre les athlètes et les prix en argent. Au cours des 16 dernières années, les Jeux paralympiques ont ajouté cinq sports à leur liste : le para-aviron, le paratriathlon, le paracanoë, le parabadminton et le parataekwondo. C’est une période passionnante pour les amateurs de sport, et si les Jeux paralympiques vous passionnent et que vous voulez en savoir plus, consultez cette liste des 50 choses à savoir sur les Jeux paralympiques. Bons Jeux, et que les meilleurs gagnent!

Ressources complémentaires

  • Athlètes olympiques canadiens, 2012-09-19, Bibliothèque et Archives Canada (MIKAN 5609841)
  • Jeux panaméricains de Toronto, 2015-07-10, Bibliothèque et Archives Canada (MIKAN 5610897)
  • Des athlètes époustouflants : au cœur des Jeux paralympiques par Marie-Claude Ouellet et Jacques Goldstyn (OCLC 1236883625)

Sali Lafrenie est archiviste de portefeuille à la Direction générale des archives privées de Bibliothèque et Archives Canada.

Plus vite, plus haut, plus fort : le Canada aux Jeux olympiques d’été

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Par Sali Lafrenie

Ça y est, c’est parti : les Jeux olympiques sont ouverts! C’est le moment idéal pour se replonger dans la couverture des Jeux olympiques, ici à Bibliothèque et Archives Canada. Bien que le Canada soit souvent considéré comme un chef de file des sports d’hiver, nos athlètes ont remporté plus de médailles aux Jeux d’été qu’aux Jeux d’hiver. À ce jour, le Canada a remporté un total de 326 médailles aux Jeux olympiques d’été et s’est particulièrement illustré dans les domaines suivants : athlétisme, sports aquatiques (natation, natation artistique et plongeon) et sports de pagaie (canoë-kayak et aviron).

Dans cet article de notre série sur les Jeux olympiques, nous revenons sur ces sports populaires et sur quelques autres disciplines.

Cinq timbres-poste canadiens représentant différents sports olympiques, comme le plongeon, le cyclisme, la natation, l’athlétisme et la gymnastique.

Timbres-poste canadiens qui représentent des moments marquants des Jeux olympiques de 1992. (e003576364)

Les « Matchless Six » : Amsterdam 1928

Les « Matchless Six », dont on se souvient pour leurs performances exceptionnelles aux Jeux olympiques de 1928, ont formé la première équipe féminine olympique du Canada. Mais pourquoi ont-elles été les premières? Et qu’ont-elles accompli?

Les Jeux olympiques modernes ont débuté en 1896, mais les femmes n’ont été autorisées à participer à des compétitions d’athlétisme qu’en 1928. L’équipe des « Matchless Six », composée de Fanny Rosenfeld, Jean Thompson, Myrtle Cook, Florence Jane Bell, Ethel Smith et Ethel Catherwood, est passée à l’histoire en remportant quatre médailles dans quatre épreuves. Sa performance exceptionnelle est d’autant plus impressionnante qu’à l’époque les femmes ne pouvaient participer qu’à cinq épreuves d’athlétisme.

Les « Matchless Six » ont ouvert les portes de l’athlétisme aux générations futures de Canadiennes. Toutes ont depuis été intronisées à de multiples temples de la renommée du Canada et ont été inscrites au registre des personnages historiques nationaux de Parcs Canada.

Photographie montrant six femmes vêtues d’une veste et d’une jupe blanches. On peut voir quatre autres personnes à l’arrière-plan.

Les « Matchless Six », l’équipe féminine canadienne d’athlétisme aux Jeux olympiques d’été de 1928, à Amsterdam. (a151001)

Une famille d’athlètes olympiques : 1912, 1960-1968

Après s’être qualifié et avoir participé aux Jeux olympiques de 1912, John « Army » Howard est devenu le premier athlète olympique noir à représenter le Canada (le premier athlète olympique noir né au Canada à remporter une médaille a été Raymond Lewis, en 1932). Sa carrière d’athlète a été mise en veilleuse pendant son service au sein du Corps expéditionnaire canadien lors de la Première Guerre mondiale, mais Howard a eu l’occasion de représenter une dernière fois le Canada aux Jeux interalliés de 1919, où il a remporté la médaille de bronze au 100 mètres. Vous trouverez des photos des Jeux interalliés de 1919 dans notre collection.

Le flambeau a été repris par ses petits-enfants, Valerie et Harry Jerome, qui ont tous deux participé aux Jeux olympiques dans les années 1960. Le tandem frère-sœur, qui a fait ses débuts olympiques à Rome en 1960, a marqué les esprits aussi bien sur la piste que hors piste. Valerie et Harry Jerome ont tous deux remporté de nombreuses médailles aux championnats nationaux, aux Jeux panaméricains et aux Jeux du Commonwealth. De son côté, Harry a participé à plusieurs Jeux olympiques, et a remporté une médaille de bronze au 100 mètres. La famille a laissé une empreinte durable sur l’athlétisme canadien, ayant compté parmi les premiers athlètes noirs au sein d’Équipe Canada.

Photographie de trois athlètes franchissant la ligne d’arrivée d’une course aux Jeux olympiques.

Harry Jerome aux Jeux olympiques d’été de 1968, à Mexico. (a209764k)

Les disettes de médailles : 1912-1984 et 1936-2024?

Si des disettes de médailles se produisent parfois, on se souvient surtout du moment où elles se terminent. Le Canada a connu deux disettes de médailles notables, en particulier en natation et au basketball. Pendant des décennies, les nageurs canadiens ont été exclus de la plus haute marche du podium. Tout ce temps, George Hodgson est resté notre seul médaillé d’or, après avoir remporté deux médailles d’or et établi quatre records du monde en 1912. Lorsque la Première Guerre mondiale a éclaté, Hodgson a mis sa carrière d’athlète sur pause pour servir en tant que sous-lieutenant d’aviation du Royal Naval Air Service. En 1984, la disette de 72 ans a pris fin de façon spectaculaire grâce aux médailles d’or remportées par Alex Baumann, Anne Ottenbrite (la première femme à remporter l’or en natation pour le Canada) et Victor Davis.

Photographie d’un homme en maillot de bain.

George Hodgson. (a050291)

Au basketball, les équipes canadiennes travaillent d’arrache-pied pour mettre fin à une disette de 88 ans. Toutefois, grâce au succès qu’elles ont récemment obtenu à la Coupe du monde de la FIBA et aux Jeux panaméricains, les équipes masculine et féminine seront toutes deux présentes aux Jeux olympiques pour la première fois en plus de vingt ans. On trouve plus de joueurs canadiens que jamais dans la NBA et l’on entend de plus en plus parler de la mise sur pied d’une équipe de la WNBA au Canada en 2026. Alors, 2024 sera-t-elle l’année où la disette de médailles en basketball prendra fin pour le Canada?

Photographie d’un homme et d’une femme se tenant debout.

Alisha Tatham, membre de l’équipe féminine de basketball aux Jeux olympiques de Londres en 2012. Il s’agissait de la première participation de l’équipe depuis les Jeux de Sydney, en 2000. Crédit : Jason Ransom. (MIKAN 5609841)

Pagayer jusqu’au podium : 1992-1996 et 2004-2012

Équipe Canada a une longue histoire de réussites en sports de pagaie, comme en fait foi son impressionnant total de 69 médailles aux Jeux d’été en aviron (une discipline olympique depuis les Jeux de Paris de 1900) et en kayak (une discipline olympique depuis les Jeux de Paris de 1924). Il n’est donc pas surprenant que l’aviron se classe au troisième rang des disciplines dans lesquelles les athlètes du Canada ont connu le plus de succès aux Jeux olympiques d’été, le kayak se classant en quatrième position.

Les athlètes canadiens les plus performants dans ces sports, Marnie McBean, Kathleen Heddle et Adam van Koeverden, ont chacun remporté quatre médailles. McBean et Heddle ont participé aux Jeux de Barcelone, en 1992, et d’Atlanta, en 1996, où elles ont remporté quatre médailles en tout et ont raflé le titre de triples médaillées d’or. Aujourd’hui député fédéral, le kayakiste van Koeverden a remporté quatre médailles en trois Jeux et est souvent considéré comme le pagayeur canadien ayant connu le plus de succès.

Les exploits en or de McBean et de Heddle leur ont valu d’être intronisées au Temple de la renommée olympique du Canada et au Panthéon des sports canadiens, une reconnaissance que van Koeverden devrait lui aussi recevoir.

Photographie de deux hommes qui sourient en se serrant la main.

Adam van Koeverden rencontre le premier ministre Stephen Harper après les Jeux olympiques de Londres de 2012. Crédit : Jason Ransom. (MIKAN 5609841)

Des participations consécutives : 2000-2004 et 2020-2024

En participant à l’épreuve de water-polo féminin à Paris 2024, l’équipe canadienne en sera à sa quatrième participation aux Jeux d’été. L’équipe féminine de water-polo, qui s’est qualifiée aux Jeux olympiques de façon spectaculaire au début de l’année, veut faire des vagues. Nous attendons avec impatience de voir le résultat qu’elle obtiendra. D’ici là, revenons sur l’équipe de Sydney 2000 et sur sa remarquable cocapitaine, Waneek Horn-Miller.

Connue pour ses capacités athlétiques et ses discours motivateurs, Waneek Horn-Miller est l’une des femmes les plus influentes du milieu du sport canadien. Elle est également la première femme mohawk à avoir revêtu l’uniforme du Canada aux Jeux olympiques. Elle a été cocapitaine de la première équipe olympique féminine de water-polo en 2000, qui a obtenu le meilleur résultat de son histoire à ces jeux. Elle a également participé aux Jeux panaméricains de 1999 et aux Championnats du monde de la FINA de 2001. Horn-Miller ne participe plus à des compétitions, mais elle continue de partager son amour du sport et de la communauté en tant que commentatrice sportive, ambassadrice de marque et conférencière. En plus de parler de son expérience de la crise d’Oka, Waneek est directrice du projet Storyboot et a été chef de mission adjointe aux Jeux panaméricains de 2015, à Toronto.

Photographie de nombreux athlètes marchant derrière un homme qui agite un grand drapeau du Canada.

Équipe Canada à la cérémonie d’ouverture des Jeux panaméricains de 2015, à Toronto. On voit Waneek Horn-Miller au premier plan, les bras grand ouverts. Crédit : Deborah Ransom. (MIKAN 5603894)

Tandis que la chasse au podium se poursuit dans des sports populaires comme le hockey, le soccer, le volleyball et le basketball, des sports plus récents comme la planche à roulettes, l’escalade de compétition et le breakdance en seront à leurs débuts. Qu’est-ce qui attend Équipe Canada? Quels sports avez-vous le plus envie de regarder? Et qui sera porte-drapeau à la cérémonie de clôture?

Ressources complémentaires


Sali Lafrenie est archiviste de portefeuille à la Direction générale des archives privées de Bibliothèque et Archives Canada.

En avance d’un siècle : Les Jeux olympiques de Paris de 1924

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Par Sali Lafrenie

Imaginez la scène.

Paris, 1924.

Vous êtes aux Jeux olympiques d’été, entouré de quelque 3 000 autres athlètes.

Quel sport pratiquez-vous? Le tennis? Peut-être le soccer? Le basketball? Oh, attendez. Est-ce un sport aquatique? L’athlétisme, peut-être? Non? La boxe? Quoi qu’il en soit, je parie que vous êtes enthousiasmé. Et, avec raison! L’équipe canadienne n’a envoyé que 65 athlètes, et c’est la première fois que les Jeux seront diffusés en direct à la radio!

Photographie panoramique en noir et blanc d’un stade extérieur dans lequel se trouvent des centaines d’athlètes.

Vue générale du stade de Colombes au début des Jeux olympiques de 1924 (e011783298).

Considérés comme le plus grand succès des Jeux olympiques modernes, les Jeux d’été de 1924 à Paris sont très différents des Jeux tels que nous les connaissons aujourd’hui. Tout d’abord, seuls 17 sports y sont représentés. Cinq sports ont été retirés depuis l’édition précédente de 1920, et d’autres ne sont inclus qu’à titre de sport de démonstration.

En 2024, 338 athlètes du Canada participeront aux compétitions à Paris, qui accueillera les Jeux pour la troisième fois. Les Jeux compteront 32 sports, soit deux fois plus que lors des Jeux olympiques de 1924.

En l’honneur de ce centenaire, plongeons dans les Jeux olympiques de 1924!

Jeux olympiques d’hiver de 1924

Saviez-vous que, lorsque la France s’est portée candidate pour accueillir les Jeux olympiques d’été de 1924, elle a accidentellement lancé une nouvelle tendance? Cette tendance, c’était les Jeux olympiques d’hiver.

En effet, la pratique consistant à tenir les Jeux d’été et d’hiver la même année, et parfois dans le même pays, s’est poursuivie jusqu’en 1992, lorsque le Comité international olympique a décidé d’alterner les Jeux tous les deux ans.

Avant 1924, les Jeux olympiques ne comprenaient que des sports d’été et il n’y avait pas d’équivalent pour les sports d’hiver. Cependant, cette situation allait bientôt changer. Organisés à Chamonix, en France, du 25 janvier au 5 février 1924, les premiers Jeux d’hiver accueillent 260 athlètes qui participent à 16 épreuves. Cela signifie que 2024 marquera également le 100e anniversaire des Jeux olympiques d’hiver.

Bien que le Canada n’ait envoyé que 12 athlètes à ces Jeux et n’ait remporté qu’une seule médaille, l’histoire ne s’arrête pas là. Les Jeux olympiques de Chamonix ont marqué le début d’une nouvelle ère pour ces athlètes et pour l’équipe olympique canadienne d’hiver, qui regroupait 215 athlètes en 2022.

Charles « Charlie » Gorman, Néo-Brunswickois et vétéran de la Première Guerre mondiale, figurait parmi ces athlètes. Il fait ses débuts aux Olympiques à l’épreuve du patinage de vitesse, alors que le sport n’en est encore qu’à ses balbutiements. Bien qu’il obtienne un résultat décevant aux Jeux de 1924, Charlie remporte des médailles pour l’équipe canadienne dans plusieurs autres compétitions, notamment les championnats des États-Unis, ceux du Canada et les championnats du monde.

Photographie en noir et blanc d’un homme faisant du patinage de vitesse et regardant directement l’appareil photo.

Photo de Charles Gorman faisant du patinage de vitesse (a050382).

Cecil Smith Hedstrom passe également à l’histoire lors de ces Jeux en devenant la première femme à représenter le Canada aux Jeux olympiques. Elle participe à trois Jeux olympiques en patinage artistique et réalise plusieurs exploits inédits qui propulsent le patinage artistique canadien sur la scène mondiale. Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, Smith est intronisée au Temple de la renommée de Patinage Canada en 1991.

En remportant la seule médaille de l’équipe canadienne aux Jeux de Chamonix, les Granites de Toronto obtiennent la première médaille d’or du Canada aux Jeux olympiques d’hiver. Les Granites poursuivent ainsi la série de médailles olympiques décrochées par le Canada au hockey sur glace, lancée en 1920 par les Falcons de Winnipeg, qui avaient remporté l’or aux Jeux d’Anvers. Le hockey sur glace avait fait ses débuts aux Jeux olympiques d’Anvers, mais ce fut la première et la dernière fois que ce sport allait faire partie des Jeux d’été. Le Canada est donc le seul pays à avoir remporté une médaille d’or au hockey sur glace aux Jeux olympiques d’été et d’hiver.

Photographie en noir et blanc d’une équipe de hockey masculine tenant des bâtons de hockey, debout sur la glace.

Les Falcons de Winnipeg, champions olympiques (a049622).

Jeux olympiques d’été de 1924

Si tous les Jeux olympiques sont importants, les Jeux d’été de 1924 rayonnent particulièrement : ils sont diffusés en direct à la radio, ils se dotent pour la première fois du Village olympique et lancent la devise olympique « Plus vite, plus haut, plus fort ». Les Jeux modernes annoncent une ère nouvelle de compétitions sportives internationales qui, depuis 1924, ne cessent de prendre de l’ampleur et du panache.

L’une des plus grandes réussites des Jeux olympiques de 1924 est attribuée à un groupe d’athlètes qui, techniquement, ne participait pas aux Jeux : les Grads d’Edmonton. Bien qu’à l’époque, le basketball n’était pas officiellement inclus dans les Jeux olympiques (le basketball masculin le sera en 1936 et le basketball féminin, en 1976), la Fédération sportive féminine internationale (FSFI) décide d’organiser ses propres parties en marge des Jeux d’été.

À domicile comme à l’étranger, c’est une équipe difficile à battre. Elle remporte environ 95 % de toutes les parties qu’elle joue et gagne les tournois de basketball féminin de la FSFI en 1924, en 1928 et en 1936.

Deux photographies en noir et blanc d’un groupe d’athlètes féminines. La première photographie représente neuf femmes en file, dont l’une tient un ballon de basketball. La seconde photographie montre neuf femmes placées en deux rangs, un homme se tenant au milieu du rang arrière.

Photos de l’équipe des Grads d’Edmonton en 1924 et 1936 (a050440) et (a050442).

Lors de sa première participation aux Jeux olympiques, le coureur de haies canadien Warren « Monty » Montabone se hisse sur la scène mondiale à Paris en 1924, puis à Amsterdam en 1928. Entre deux participations aux Jeux olympiques, Monty établit également un record canadien, qui reste imbattu pendant 58 ans, à l’épreuve du 110 mètres haies. Sa carrière sportive, qui a débuté bien avant les Jeux olympiques, commence à l’époque où il est étudiant-athlète à Loyola et athlète amateur au sein de la Montreal Amateur Athletic Association.

Victor Pickard, sauteur à la perche et lanceur de javelot, est un autre athlète qui fait ses débuts aux Jeux olympiques de 1924. Il représente le Canada à deux éditions des Jeux olympiques (1924 et 1928) et remporte une médaille d’or en saut à la perche aux Jeux de l’Empire britannique en 1930. C’est aux Jeux olympiques que Pickard réussit le meilleur saut de sa carrière sportive : 3,45 mètres. Son record personnel est toutefois de 4,15 mètres. Aujourd’hui, le record canadien de saut à la perche est de 6,00 mètres et le record mondial est établi à 6,24 mètres.

Deux photographies en noir et blanc d’un sauteur à la perche. La première montre un homme sautant par-dessus une barre à l’aide d’une perche. La seconde montre un homme tenant une perche à l’horizontale avant de se mettre à courir.

Victor Pickard aux Jeux olympiques de 1924 (a151000) et (a151014).

Même si tous les Jeux olympiques diffèrent, deux choses s’y retrouvent à tout coup : l’enthousiasme et l’excellence. Qu’il s’agisse d’établir de nouveaux records, d’annoncer son soutien pour une cause politique ou d’encourager un athlète dans le besoin, tout le monde trouve son compte aux Jeux olympiques. De nos jours, les Jeux symbolisent bien plus que l’esprit sportif, l’athlétisme et l’identité nationale. Il s’agit d’un phénomène culturel. Les Jeux réunissent les gens dans les restaurants, dans les salons et dans les écoles. Leur histoire est en train de s’écrire et ce n’est que le début.

Ressources complémentaires


Sali Lafrenie est archiviste de portefeuille à la Direction générale des archives privées de Bibliothèque et Archives Canada.

L’invention du basketball et la toute première partie de basketball à laquelle participent des Canadiens

Par Normand Laplante

Le 21 décembre 2016 marque le 125e anniversaire de l’invention du basketball  et du premier match jamais joué. À l’automne 1891, le Canadien James Naismith, inventeur de ce sport, étudie pour devenir moniteur d’éducation physique  à l’International YMCA Training Institute, situé à Springfield, au Massachusetts. On lui confie alors la tâche de trouver un sport récréatif d’intérieur pour une classe d’éducation physique composée d’hommes qui souhaitent devenir secrétaires exécutifs du YMCA. Ce groupe « d’incorrigibles » avait montré peu d’intérêt pour les exercices traditionnels  de gymnastique. Leurs réticences avaient conduit les deux moniteurs d’éducation physique précédents assignés au groupe à démissionner. M. Naismith tente tout d’abord de les faire jouer à des versions modifiées pour l’intérieur du football, du soccer et même du jeu canadien de crosse. Toutefois, ces initiatives échouent, principalement en raison des contraintes imposées par le petit gymnase. M. Naismith a ensuite l’idée d’un nouveau sport, fondé sur le jeu pour enfants « Duck on the rock » (canard sur une roche), où deux équipes s’affrontent en lançant un ballon dans le panier de l’équipe adverse pour marquer des points. Le 21 décembre 1891, M. Naismith présente au groupe ses 13 règles pour le nouveau jeu et il le sépare en deux équipes de neuf joueurs chacune. Même si le pointage final de la joute est seulement 1-0, le nouveau sport connaît un franc succès auprès des joueurs.

Une photographie en noir et blanc avec une liste de tous les joueurs sur celle-ci, liste qui comprend aussi les joueurs absents de la photo qui faisaient partie de la première équipe.

Membres de la première équipe de basketball au monde, Springfield, Massachusetts, 1891 (c038009-v8)

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James Naismith : les années d’apprentissage au Canada de l’inventeur du basketball

Les origines de sports populaires comme le baseball, le football et le hockey sont souvent difficiles à cerner. En effet, plusieurs personnes et plusieurs lieux affirment souvent être l’inventeur ou le lieu de naissance d’un sport. Cependant, il n’y a aucun doute sur la personne qui a inventé le basketball : c’est un Canadien, le Dr James Naismith. Né dans la petite ville d’Almonte dans la vallée de l’Outaouais, province du Canada le 6 novembre 1861, James Naismith est devenu orphelin à un très jeune âge et a été élevé avec sa sœur aînée Annie et son frère cadet Robbie par son oncle et sa tante.

Lorsque M. Naismith était enfant, le « duck on a rock » (canard sur une roche) était un jeu très populaire. Une pierre appelée « le canard » était placée sur une pierre plus grande ou sur une souche d’arbre. Les joueurs devaient frapper le canard avec une autre pierre et le faire tomber de sa plateforme, puis courir récupérer leur propre pierre et revenir à l’emplacement original du lancer. Un participant jouait le rôle de « gardien ». Il devait ramasser le canard s’il tombait, le replacer sur sa plateforme et essayer de toucher le joueur ayant lancé la pierre avant qu’il ne retourne à son point de départ. Bien que chaque joueur avait sa propre technique de lancer, Naismith avait remarqué que les meilleurs joueurs lançaient leur pierre haute en visant bien et avec précision, ce qui leur donnait plus de temps pour ramasser leur pierre. Ses souvenirs de ce jeu d’enfance auront une influence sur sa création du jeu de basketball.

Une photographie en noir et blanc d'un groupe d'hommes debout dans un champ regardant un match de duck on a rock.

Un match de duck on a rock, Alberta, septembre 1906 (MIKAN 3386054)

Naismith éprouve des difficultés à l’école et décide d’abandonner ses études pendant sa deuxième année à l’École secondaire d’Almonte à l’âge de 15 ans. Il préfère travailler à la ferme familiale pendant l’été et dans les camps de bûcherons en hiver. Le recensement canadien de 1881 indique qu’il est agriculteur à l’âge de 19 ans.

Plus tard cette année-là, M. Naismith décide de retourner à l’école secondaire et il obtient son diplôme en 1883 à l’âge de 21 ans. Il s’installe à Montréal et entreprend un baccalauréat ès arts avec spécialisation en philosophie et hébreu à l’Université McGill. Vers la fin du 19e siècle, Montréal est un centre important pour le développement des sports organisés au Canada et en Amérique du Nord. Les premières règles officielles pour des sports populaires tels que la crosse et le hockey sont élaborées au cours de cette période. M. Naismith, doté de qualités athlétiques naturelles, est attiré par plusieurs sports à l’Université, notamment la gymnastique, le football rugby et la crosse. En 1888, il obtient un baccalauréat ès arts en éducation physique de l’Université McGill. Grâce à ces intérêts, il devient le premier directeur de l’entraînement physique à l’Université McGill à l’automne de 1889.

Une photographie en noir et blanc de deux joueurs de football rugby accroupis, l'homme sur la gauche tient le ballon et attend de le lancer à l'autre homme derrière lui.

James Naismith (à gauche) jouant au football rugby (MIKAN 3652828)

Une photographie en noir et blanc de l'équipe de football rugby de l'Université McGill. Les joueurs portent des chaussettes montantes rayées et un uniforme blanc orné d'un écusson.

James Naismith (à l’extrême gauche, assis) au sein de l’équipe de football rugby de l’Université McGill (MIKAN 3650079)

En septembre 1890, M. Naismith s’installe à Springfield, Massachusetts, É.-U. pour devenir instructeur à l’International YMCA Training School. On lui confie le mandat de créer un sport pouvant se pratiquer à l’intérieur, et il invente le jeu de basketball. En décembre 1891, dans le gymnase du YMCA de Springfield, la première partie de basketball se joue. Le basketball est depuis devenu l’un des sports les plus populaires au monde.

Photographie en noir et blanc montrant un groupe d'hommes assis dans un escalier. De chaque côté, il y a les paniers qui étaient utilisés à l'époque dans ce sport.

La première équipe de basketball du monde. Dr James Naismith se trouve à droite dans la rangée du centre (MIKAN 3652826)

Pour voir d’autres photos documentant les activités professionnelles et personnelles de James Naismith, consultez la collection D. Hallie Lowry détenue par Bibliothèque et Archives Canada.