Dès la fin de l’ultimatum anglais à l’Allemagne et de la déclaration de guerre qui s’ensuit, le Dominion du Canada se trouve de facto plongé dans la tourmente. C’est ainsi que le veulent les liens de l’Empire qui unissent le Canada à la Grande-Bretagne en août 1914. Rares sont ceux qui, au Canada, s’opposent alors à la participation canadienne à cette « guerre européenne » comme on l’appelle alors.

La première armée canadienne – une scène à Valcartier, 1914 (Bibliothèque et Archives Canada – MIKAN 3642184)
Le Roi accepte l’offre d’un corps expéditionnaire que lui propose le gouvernement canadien. Avec beaucoup d’enthousiasme – et de désorganisation – les premiers volontaires canadiens sont rapidement regroupés au camp militaire de Valcartier, créé de toutes pièces à une trentaine de kilomètres au nord de la ville de Québec. En un peu plus d’un mois, le premier contingent canadien d’environ 36 000 soldats et officiers est prêt à s’embarquer pour l’Angleterre.
Les volontaires canadiens
Mais qui sont ces premiers volontaires canadiens qui ont accepté de servir « for the duration » et sous l’Army Act britannique?
Des quelque 1500 officiers du premier contingent canadien, presque tous ont reçu une formation militaire dans la milice canadienne; plus des deux tiers sont nés au pays, alors que les autres proviennent d’autres parties de l’Empire. Cette proportion est pratiquement inverse au sein des soldats qui sont nés pour plus de 65 % dans d’autres parties de l’Empire, alors qu’un peu moins de 30 % sont nés au Canada et les autres proviennent des États-Unis et autres pays alliés.
En ce mois de mars 1917, le Corps canadien qui se prépare à prendre la crête de Vimy a bien changé. Depuis son arrivée sur les plaines de Salisbury trente mois plus tôt, les Canadiens ont subi le baptême du feu : ils ont fait face aux premières attaques au gaz toxique à la bataille du Second Ypres en avril 1915 et ont pris part aux batailles de Festubert (mai 1915), St-Éloi (juin 1916) et de la Somme (juillet 1916). Toujours en 1916, le lieutenant-général Alderson cède sa place à un nouveau commandant du Corps canadien, le lieutenant-général Julian Byng.

Lieutenant-général sir Julian Byng en mai 1917. Photo prise par William Ivor Castle (Bibliothèque et Archives Canada – MIKAN 3213526)
Byng se retrouve donc à la tête du Corps canadien, qui compte maintenant 4 divisions. Fait à noter, la 2e Division canadienne comprend le seul bataillon francophone de tout l’Empire britannique en activité au front, soit le « 22nd (French Canadians) Battalion » (aujourd’hui le Royal 22e Régiment). Autorisé en octobre 1914, ce bataillon commandé uniquement par des officiers francophones permet alors aux Canadiens français de servir leur pays dans leur langue maternelle.
La préparation de l’attaque
Une fois le plan de Byng soumis, modifié et accepté par le commandement militaire, la préparation pour l’attaque de la crête de Vimy se met en branle. Le Corps canadien, à qui l’on a confié cette tâche, s’applique avec la plus grande détermination à la préparation soigneuse de l’attaque. Grâce à une réplique à l’échelle des défenses allemandes qu’il a fait préparer à l’arrière, Byng supervise personnellement l’entrainement des Canadiens : jour après jour, les officiers et soldats pratiquent avec autant de réalisme que possible la tactique qu’ils devront appliquer le jour de l’attaque. On prend soin de pratiquer l’avance cadencée au rythme du barrage roulant de l’artillerie.
Pendant ce temps, les sapeurs canadiens et anglais se chargent d’aménager des dépôts de munitions, des réservoirs d’eau et des pompes. À vingt-cinq pieds sous les tranchées, les tunneliers agrandissent le système de tunnels qui permettra d’assurer le passage des troupes vers la première ligne de tranchées tout en protégeant le réseau de communication.

Carte de la crête de Vimy du 9 avril avant le début de la bataille (Bibliothèque et Archives Canada – MIKAN 178969)
Les pilotes de la Royal Flying Corps reçoivent la mission d’observation des positions allemandes et de bombardement de positions vitales, telles les chemins de fer ou les aérodromes allemands. Les précieux renseignements obtenus, relayés à l’arrière, permettent ainsi de découvrir plus de 80 % des batteries d’artillerie allemandes.
En préparation du jour de l’attaque, l’artillerie commence le pilonnage des tranchées allemandes le 20 mars. Ce pilonnage durera jusqu’au 2 avril, alors que l’intensité du bombardement sera augmentée au maximum. En tout, on estime à plus d’un million le nombre de salves d’artillerie durant cette période préparatoire, déversant plus de 50 000 tonnes d’obus sur les positions allemandes. Cette préparation par l’artillerie aura suffisamment détruit les lignes de communication allemandes pour ralentir considérablement le ravitaillement des défenseurs de la première tranchée.

Les Canadiens passent à travers les lignes de barbelés allemands, avril 1917 (Bibliothèque et Archives Canada – MIKAN 3404765)
Lorsque vient enfin le jour de l’attaque, les 15 000 Canadiens qui se portent à l’assaut de la crête de Vimy sont sûrs de parvenir à leurs objectifs. C’est un grand jour pour le Corps expéditionnaire canadien qui compte bien démontrer sa détermination et son efficacité. Ils ne le savent pas encore, ces hommes qui partent à l’assaut, mais ce sera aussi un grand jour pour le Canada.
Ressources connexes
- Dossiers du personnel de la Première Guerre mondiale
- De l’enrôlement au registre de sépulture : le Corps expéditionnaire canadien de la Première Guerre mondiale
- Les Canadiens et la Première Guerre mondiale : Explorez notre collection
- Images de la crête de Vimy affichées sur Flickr
Biographie
Marcelle Cinq-Mars est archiviste principale dans le domaine militaire à la Direction générale des documents gouvernementaux de Bibliothèque et Archives Canada. Elle a écrit de nombreux livres qui portent principalement sur la Première Guerre mondiale.
Ce blogue a été créé dans le cadre d’une entente de collaboration entre The National Archives et Bibliothèque et Archives Canada.
Ping : La Bataille de la crête de Vimy | Le blogue de Bibliothèque et Archives Canada