La bataille de la crête de Vimy – préparations

Bannière avec deux photos: une montrant une photo de la bataille de la crête de Vimy qui transitione vers une image plus contemporaine montrant le mémorial de Vimy

Par George Hay
L’offensive d’Arras de 1917 fut divisée en dix actions distinctes, comprenant des batailles importantes et des attaques de flanc et subsidiaires. Les deux premières actions de la première phase, les batailles simultanées à la crête de Vimy au nord d’Arras et à cheval sur la rivière Scarpe au centre de la ville, eurent lieu entre le 9 et le 14 avril. La bataille au nord fut menée de front par le Corps canadien. Pour la première fois, les quatre divisions canadiennes combattirent ensemble et se défendirent brillamment pour atteindre le sommet de ce terrain surélevé. L’objectif initial de l’attaque était de former un flanc défensif pour les opérations de la 3Armée vers le sud, mais compte tenu de la retraite allemande vers la ligne Hindenburg le mois précédent, l’importance de réussir cette opération devint capitale. La mainmise sur la crête permit aux Allemands d’avoir une vue générale des positions de l’ensemble des troupes britanniques et du Commonwealth. Non seulement la prise de possession de la crête aux dépens des Allemands aiderait les forces en présence au sol, mais, dorénavant, ce serait les Britanniques eux-mêmes qui, une fois au sommet, bénéficieraient de cet avantage visuel.

Une carte de couleur indiquant les endroits, les rivières et les lignes mobiles de défense.

Carte de situation montrant la retraite allemande vers la ligne Hindenburg. (The National Archives, WO 95/1049/9)

Comme indiqué précédemment, ces opérations étaient prévues en principe depuis la fin de l’année précédente et une préparation très minutieuse en vue de former des effectifs et d’accumuler de l’artillerie et du matériel de guerre avait été mise en branle. De plus, l’attaque du 9 avril est le point culminant d’une phase d’opérations comprenant un grand nombre d’incursions et un bombardement d’artillerie incroyablement destructeur. Une constante usure du moral et de la défense de l’ennemi, combinée à une préparation minutieuse et à un entrainement rigoureux menés par les Canadiens, a préparé le terrain à une bataille décisive livrée dans des conditions climatiques des plus difficiles.

Comme dans toute opération offensive majeure, des objectifs sont établis pour le Corps canadien, mais ces objectifs sont précis et limités dans leur portée. Certains sont communs aux divisions tandis que d’autres sont assignés à certaines sections de ligne. Ils se composent de deux objectifs primaires (la ligne noire et la ligne rouge) et de deux objectifs secondaires (la ligne bleue et la ligne brune).

Une carte de la crête de Vimy montrant les quatre étapes des objectifs militaires en couleur : 1er objectif en noir, 2e objectif en rouge, 3e objectif en bleu et 4e objectif en brun.

Carte des objectifs militaires du Corps canadien tirée du journal de guerre de l’état-major général, avril 1917. (The National Archives, WO 95/1049/9)

Carte miméographiée dont les différentes lignes illustrent les régiments allemands situés derrière les tranchées à ces deux différentes périodes.

Ordre de bataille montrant la position des lignes le 6 et le 26 avril. La carte montre aussi les régiments allemands positionnés derrière les lignes à ces deux dates. La carte est datée du 27 avril et a été produite par le Service canadien des renseignements. (The National Archives, WO 95/1049/9)

La première étape consistait à traverser la ligne de front allemande jusqu’à une profondeur d’environ 700 verges. Une fois la prise de possession du sol effectuée, les 3e et 4e Divisions retranchèrent les forces allemandes de soutien dans leur principale ligne de défense. La ligne rouge se situait entre 400 et 1000 verges devant les premiers objectifs et représentait l’objectif le plus éloigné des 3e et 4Divisions. Les lignes bleu et marron se situaient entre 1200 et 4000 verges de la ligne rouge et étaient sous la responsabilité exclusive des 1re et 2e Divisions. Globalement, atteindre ces objectifs exigeait de se mesurer à un système vaste et complexe de tranchées, fosses réservoirs, tunnels et centres de résistance, que l’armée allemande avait passé deux années à construire. La réussite du Corps canadien était intimement liée au plan de tir d’artillerie, qui allait se dévoiler à chaque objectif, juste avant l’arrivée de l’infanterie.

Une page miméographiée et dactylographiée séparée en trois sections : les étapes successives, la répartition des troupes, ainsi que les quartiers généraux et les frontières.

Projet de plan d’attaque montrant les quatre étapes et le minutage de l’avancée. (The National Archives, WO 95/169/6)

Un extrait d’une page miméographiée et dactylographiée expliquant la stratégie derrière les barrages d’artillerie soutenant l’assaut : le barrage « roulant », le barrage « permanent » et les batteries de campagne dans les positions avancées (connues comme les batteries silencieuses, qui gardaient le silence jusqu’à ce qu’elles entrent en service lors d’objectifs plus lointains).

Plan de bombardement à l’appui de l’assaut. (The National Archives, WO 95/1049/10)

Une carte en noir et blanc montrant la zone autour de la crête de Vimy. La carte est couverte de lignes sinueuses, représentant le barrage d’artillerie roulant tandis que les différents objectifs de l’attaque (noir, rouge, bleu et brun) sont représentés par des lignes plus épaisses.

Carte de barrage pour l’attaque de Vimy. (The National Archives, WO 153/1284/)

L’artillerie avait elle aussi, bien évidemment, été méticuleusement préparée. On s’y était attelé 20 jours à l’avance et l’intensité des exercices augmentait à mesure que le jour de l’attaque approchait, tout cela sans jamais dévoiler toute la puissance de l’arsenal disponible. Les câbles et les centres de résistance étaient gardés sous le barrage, affaiblissant la défense allemande, mais aussi le moral de ceux en poste à l’avant. Les tirs à l’appui de l’assaut étaient aussi bien planifiés, avec un barrage roulant de shrapnel dressé à 100 verges devant l’infanterie. Des barrages permanents sur les systèmes de défense précédaient aussi les lignes de combat. Plus de 200 mitrailleurs furent également déployés sur un front relativement étroit, 150 autres formèrent un barrage indirect et effectuèrent des tirs d’appui, tandis que 130 furent transportés par les brigades d’assaut devant servir à la consolidation et que 78 autres furent gardés en réserve. L’artillerie lourde et les compagnies du Corps royal du génie (compagnies d’attaque au gaz munies d’un mortier Livens) devaient utiliser des explosifs de grande puissance et des gaz pour le travail de contre-batterie afin d’éliminer l’artillerie allemande.

Des chars d’assaut furent également attribués au Corps canadien afin de soutenir leurs opérations. Ayant été utilisés pour la première fois sept mois auparavant à Flers-Courcelette sur la Somme, huit chars d’assaut furent déployés autour des défenses de Thélus, qui étaient situées entre la 1re et la 2e Division — les deux divisions les plus éloignées. Malgré leurs promesses sur le champ de bataille, la planification de l’artillerie tout comme celle de l’infanterie fut effectuée sans tenir compte de la contribution des chars d’assaut, puisque leur nombre était limité et qu’on les considérait comme peu fiables.

Une photographie en noir et blanc montrant au moins trois équipes de six chevaux transportant des canons aux endroits stratégiques.

L’Artillerie canadienne de campagne transportant les armes, crête de Vimy, avril 1917. (Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 3521867)

Une reconnaissance était effectuée par la 16e escadre du Royal Flying Corps et la compagnie no 1 de ballon cerf-volant afin de donner de l’information sur le plan d’attaque, tandis que des plans de communication étaient élaborés à l’aide de câbles (souterrains et visibles) avec des stations de réception pour les officiers observateurs avancés de l’artillerie, permettant de réduire les risques de complications. Le minage servit non seulement à des fins offensives dans l’intention de démolir les centres de résistance allemands, mais aussi pour produire près de quatre mille tunnels et passages souterrains permettant à l’infanterie d’avancer et d’attaquer, et aux blessés d’être évacués.

Tout était en place à l’heure du déclenchement de l’assaut, à 5 h 30 le 9 avril 1917. Les heures de noirceur précédant l’attaque et la couverture nuageuse permirent à l’infanterie de se rendre discrètement à leurs postes d’attaque, plusieurs de ces postes étant bien visibles pour l’ennemi en plein jour. Si les Allemands avaient eu connaissance de cette manœuvre, ils auraient sans doute formé un tir de barrage et ainsi freiné l’onde d’assaut tout en causant de sérieux dommages. Tel ne fut pas le cas et les postes d’offensive furent occupés en catimini. Dans la pénombre à l’heure zéro, sous un ciel froid et couvert, lorsque la manœuvre était encore en grande partie ignorée par l’ennemi, le bombardement intense commença avec une fureur soudaine et l’avance de l’infanterie fut alors entamée.

Biographie

George Hay est spécialiste en chef des documents militaires à The National Archives. Titulaire d’un doctorat en histoire, il s’intéresse de près à l’histoire militaire amateur britannique.

Ce blogue a été créé dans le cadre d’une entente de collaboration entre The National Archives et Bibliothèque et Archives Canada.

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