En 1839, l’invention du daguerréotype fut une révélation. Étant le premier procédé photographique accessible au public, ce surprenant objet étincelant fit le bonheur des observateurs grâce à sa capacité à saisir l’image des gens, et ce, avec une clarté incroyable. Pour la première fois dans l’histoire, les portraits des êtres chers pouvaient être enregistrés, partagés ou transmis à leurs descendants. Le daguerréotype et la photographie eurent un immense impact sur la vie des gens ordinaires.

Kate McDougall, vers 1848 (MIKAN : 36296894)
En France, Louis Jacques Mandé Daguerre (1787 1851) et Joseph Nicephore Niépce (1765 1833) développent la science consistant à saisir la lumière sur une surface photographique. M. Niépce mourut avant que leurs efforts ne portent fruit. Après son décès, M. Daguerre prit la relève et s’employa à perfectionner le procédé. Fabriqué à partir de feuilles de cuivre plaquées d’argent finement polies, sensibilisées à l’iode et révélées par des vapeurs de mercure, le daguerréotype donnait des images attrayantes et uniques.
Une nouvelle exposition au Musée des beaux-arts du Canada présente des exemplaires de daguerréotypes. Bien qu’ils ne soient pas rares, ces appareils ne sont pas souvent exposés puisqu’ils sont susceptibles d’être endommagés par la lumière et par l’environnement.
Tirés de la collection de Bibliothèque et Archives Canada, les objets exposés ont subi un traitement de conservation et de préservation rigoureux. Ils donnent aux observateurs la chance extraordinaire de jeter un œil à ces photographies uniques. Personnels, détaillés et captivants, ces objets donnèrent certains des premiers aperçus photographiques du Canada.

La brasserie de la famille Molson après un incendie, Montréal (Québec), 1858 (MIKAN : 3623957)
L’exposition présente des scènes de rue et des portraits de personnalités de l’époque. Probablement pris en Europe à la fin des années 1840, le portrait de Maungwudaus, un membre de la nation des Anishnaabe des Mississaugas de Port Credit, est l’une des représentations photographiques d’un Autochtone les plus anciennes de la collection de Bibliothèque et Archives Canada. Dans sa jeunesse, Maungwudaus grandit près de ce qui est maintenant connu sous le nom de Kitchener Waterloo (Ontario). Éduqué par des missionnaires méthodistes, il s’engagea ensuite dans une mission de sensibilisation et travailla comme traducteur et rédacteur, avant de devenir artiste dans le spectacle Wild West, qu’il mit sur pied avec sa famille et ses amis, et dans le cadre duquel ils partirent en tournée en Europe et aux États-Unis. Un hommage fut rendu à la troupe en France et en Angleterre. Lors de la cérémonie, Maungwudaus reçut plusieurs médailles de la part du roi Louis Phillippe 1er.

Maungwudaus, vers 1846 (MIKAN : 3622938)
Les daguerréotypes sont des objets uniques conçus dans le but d’être conservés dans des cadres scellés et ne pouvant être vus que par une seule personne à la fois. En effet, de par leur nature, les daguerréotypes inspirent l’intimité. Certains présentent les signes d’usure caractéristiques des objets datant de plus d’une centaine d’années. Les noms des personnes prises en photo et les informations complémentaires ont généralement disparu, les exceptions étant, de ce fait, d’autant plus importantes. Le portrait d’un groupe de marchands de Yarmouth (Nouvelle Écosse) datant de 1855 en est un bel exemple. Un petit manuscrit signé par un des figurants avait été glissé derrière la photographie. Il donne les noms de tous les figurants, du lieu où l’image a été prise et le nom du photographe, Wellington Chase. Dans ce portrait, on peut apercevoir Loran Ellis Baker assis au milieu de la première rangée. Âgé de 24 ans à l’époque, M. Baker figurait parmi les hommes d’affaires et les dirigeants les plus influents de Yarmouth. Il siégea au conseil législatif de Nouvelle Écosse de 1878 à 1900.

Un groupe de marchands de Yarmouth (Nouvelle-Écosse), 1855 (MIKAN : 3198804)
Venez visiter l’exposition au Musée des beaux-arts du Canada à Ottawa, du 4 septembre 2015 au 28 février 2016.