Quatre femmes, une Plymouth familiale, cinq provinces et quatre États en trente‑huit jours
Le 31 juillet 1954, la photographe à la pige Rosemary Gilliat et ses amies Anna Brown, Audrey James et Helen Salkeld partent d’Ottawa (Ontario) pour vivre l’aventure d’une vie : un road trip sur la Transcanadienne qui les mènera à Vancouver (Colombie‑Britannique). En un peu plus d’un mois, les quatre femmes parcourent plus de 12 000 kilomètres. Elles sont de retour à Ottawa le 6 septembre.

Jour un – le 31 juillet. De gauche à droite : Helen Salkeld, Audrey James, Anna Brown et Rosemary Gilliat s’apprêtent à quitter Ottawa (Ontario) pour amorcer leur voyage sur la Transcanadienne. (MIKAN 4306200)
Jusqu’au milieu du XXe siècle, le train est le seul moyen de transport qui permet de traverser et d’admirer le Canada. Après la Deuxième Guerre mondiale, des milliers de personnes venues du monde entier immigrent au Canada. L’augmentation de la population coïncide avec l’essor de l’industrie automobile. Après la guerre, en 1949, le Parlement adopte la Loi sur la route transcanadienne : la construction de routes revêtues reliant les grandes villes canadiennes peut commencer.
En été 1954, les travaux sur la Transcanadienne Ouest à partir d’Ottawa sont commencés, mais de nombreux tronçons sont encore en construction. Il y a même des endroits où la construction n’est pas entamée. Par exemple, Rosemary mentionne que les routes près de Cochrane (Ontario) sont pleines de terre, d’ornières et d’énormes bosses qui risquent d’endommager la suspension. À la frontière entre le Manitoba et la Saskatchewan, la route qui était dans un état acceptable devient franchement mauvaise; elle est couverte de boue séchée, de roches, de dénivellations et de trous. Plus à l’ouest, juste après le col Kicking Horse (Colombie‑Britannique), c’est encore pire, comme l’indique Rosemary dans son journal :
On arrive sur une route en construction; les ingénieurs sont déjà sur place depuis deux ans. Ils doivent dynamiter un versant de la montagne situé en grande partie au‑dessus du chemin de fer du Canadien Pacifique. Nous sommes émerveillées de voir un chemin de fer dans un territoire aussi hostile. Souvent, la route est un simple chemin rocailleux avec d’immenses murs en pierre au‑dessus et un tas de pierres dynamitées en dessous. Ailleurs, la route est couverte de boue et d’eau. On a l’impression qu’elle pourrait s’effondrer dans le canyon, à quelques dizaines de mètres de profondeur. [traduction]

Jour 18 – 17 août. L’autobus de Calgary fait son passage quotidien dans la zone de dynamitage du canyon Kicking Horse, en Colombie Britannique. Le tronçon est seulement ouvert à la circulation entre 17 h et 8 h. (MIKAN 4359684)
Malgré les nombreux passages difficiles sur l’autoroute, on déplore seulement quelques fissures causées par des roches errantes dans le pare‑brise de la Plymouth d’Helen. La vitre demeure en bon état jusqu’au retour à Ottawa, où elle est remplacée.
Rosemary et ses amies se distinguent de la majorité des femmes, et même des touristes, de leur époque. Bien qu’il y ait des motels et des terrains de camping privés le long de la Transcanadienne en 1954, elles préfèrent sortir des sentiers battus pour dîner et camper dans des endroits isolés et boisés. Rosemary se demande même pourquoi les gens passent tant de nuits dans un lit alors que le camping est si agréable. Pour elle, chaque matinée et chaque soirée en camping est une révélation.

Jour 4 – 3 août. Anna Brown et Helen Salkeld montent leurs tentes à English River, en Ontario. (MIKAN 4306206)
Rosemary et ses amies recherchent la vraie nature. Elles ne se laissent pas décourager par les insectes, la pluie ou d’éventuelles rencontres fâcheuses avec des animaux. À mi‑chemin du voyage, elle mentionne : « Je suis toujours étonnée de voir des gens parcourir des milliers de kilomètres dans des contrées sauvages pour retrouver le même luxe qu’ils ont à la maison, mais à un autre endroit. » [traduction]

Jour 20 – 19 août. Préparation d’un repas sous la pluie près de Yale, en Colombie Britannique (MIKAN 4306339)
La familiale d’Helen est remplie de matériel de camping et d’ustensiles de cuisine. Les quatre femmes disposent d’un réchaud Coleman et de deux bouteilles d’eau, mais elles n’ont pas de glacière pour conserver les aliments périssables. Chaque jour, elles font le plein d’essence et en profitent pour faire l’épicerie et se procurer de l’eau potable. Ce n’est pas le grand luxe!

Jour 20 – 19 août. Helen Salkeld et Audrey James se reposent après le dîner près de Cache Creek, en Colombie Britannique. (MIKAN 4323864)
Les voyageuses admirent les forêts isolées et de petits villages du nord et du nord‑ouest de l’Ontario, les immenses prairies dorées du Manitoba et de la Saskatchewan, les contreforts et les Rocheuses de l’Alberta et les rivières glaciaires de la Colombie‑Britannique avant d’arriver sur la magnifique côte canadienne du Pacifique. Rosemary documente leur formidable périple : elle prend des centaines de photos et rédige un journal de voyage détaillé décrivant leurs rencontres et leurs expériences. Des agriculteurs sympathiques, des cow‑boys charismatiques et des maringouins sanguinaires font partie des vedettes de ce récit.

Jour 9 – 8 août. Audrey James, debout sur le capot de la familiale d’Helen Salkeld, photographie la prairie dans le sud de la Saskatchewan. (MIKAN 4814411)
Le 31 juillet 2015, Bibliothèque et Archives Canada a lancé la série Road trip ‒ été 1954 sur Facebook. On y trouve des photos prises par Rosemary Gilliat et des extraits de son journal. Visitez notre page Facebook tous les jours pour découvrir les endroits que Rosemary et ses amies ont visités, et les personnes qu’elles ont rencontrées. À la fin de chaque semaine, les photos seront publiées dans notre album Flickr.