Pas facile de mettre le Canada en scène – Le jeu du centenaire

Par Théo Martin

Il y a de cela un peu plus de 50 ans, le romancier et dramaturge canadien Robertson Davies coécrivait la pièce de théâtre de commande Le jeu du centenaire pour célébrer le 100e anniversaire de la Confédération du Canada en 1967. C’est avec le soutien financier de la Commission du centenaire du Canada que Davies, avec la collaboration de quatre autres auteurs canadiens de renom (W.O Mitchell, Arthur L. Murphy, Eric Nicol et Yves Thériault), va écrire à partir de 1965, une pièce de théâtre bilingue qui met en scène le passé du Canada.

Une photo noir et blanc d’un homme souriant qui tient un chat sur son épaule.

Robertson Davies et un chat, 1954. Photo : Walter Curtin. Fonds Walter Curtin (MIKAN 3959842)

La pièce fut divisée en plusieurs scènes représentant chaque région et province du Canada et faisant intervenir des personnages fictifs (et danseurs) représentatifs des diverses communautés linguistiques et culturelles du Canada. La pièce était accompagnée d’une trame musicale originale écrite par le compositeur canadien Keith Bissell.

Page manuscrite avec dessins à l’encre rouge.

Page manuscrite de la page couverture d’une version de l’ébauche de la pièce The Centennial Play (Le jeu du centenaire) avec dessins de Robertson Davies, vers 1965 (MIKAN 128551)

Texte dactylographié avec annotations à l’encre rouge.

Tapuscrit de la pièce de théâtre The Centennial Play (Le jeu du centenaire) annoté par Robertson Davies, vers 1966 (MIKAN 128551)

Une page dactylographiée avec le titre de la pièce et le nom des auteurs.

Page titre de la pièce de théâtre The Centennial Play (Le jeu du centenaire). Fonds Marian Wilson R9113 (MIKAN 4220582)

Une page montrant le titre et les auteurs de la partition musicale de la pièce The Centennial Play (Le jeu du centenaire).

Page couverture de la partition pour piano de la pièce The Centennial Play (Le jeu du centenaire), écrite par Keith Bissel (AMICUS 12281880)

À l’origine, le but des collaborateurs était de fournir cette pièce aux troupes de théâtre amateur du Canada afin qu’elles puissent la produire d’un bout à l’autre du pays avec le concours du Festival national d’art dramatique. Par ailleurs, il était question que la production soit dirigée par sir Tyrone Guthrie et présentée sur la colline du Parlement lors des festivités du centenaire en août 1967. Un plan produit par Travaux publics Canada planifiait la construction d’une scène circulaire pouvant accueillir entre 6 000 et 7 500 spectateurs. Pendant un an et demi, l’équipe des auteurs écrira plusieurs versions de la pièce avant de la proposer à certaines compagnies de théâtre un peu partout au Canada.

Un plan de la scène montrant l’espace scénique.

[Plan de scène tracé pour The Centennial Play (Le jeu du centenaire) devant l’édifice du Centre à Ottawa, vers 1966 – Travaux publics Canada, Fonds Robertson Davies ] (MIKAN 128551)

Image de comédiens de théâtre en costumes sur une scène.

Spectacle de la pièce The Centennial Play (Le jeu du centenaire) à Lindsay, Ontario, octobre 1966. Fonds de la Commission du centenaire, R1004 (MIKAN 3408592)

Document dactylographié, avec image centrale, titre, date et lieu.

Programme de spectacle de la pièce The Centennial Play (Le jeu du centenaire), Lindsay, Ontario, 1966. Fonds Robertson Davies (MIKAN 3819285)

Elle sera jouée en avant-première à Lindsay (Ontario) en octobre 1966 et la première représentation de ce spectacle, mise en scène par Peter Boretsky, sera offerte à l’Ottawa Little Theatre le 11 janvier 1967, devant le premier ministre du Canada, Lester B. Pearson et de l’épouse du gouverneur général, Mme Pauline Vanier. Mais les critiques sont nombreuses, le magazine Times indiquant que c’était une pièce trop chargée et une « bouillabaisse that bombed » (une bouillabaisse ratée). Robertson Davies lui-même est extrêmement déçu et insatisfait de la tournure que prend la production.

À la suite des réactions mitigées du public, la production ne lève pas, il n’y aura pas de spectacle sur la colline du Parlement, et ce qui devait être un succès retentissant va vite être relégué aux oubliettes.

Deux pages d’une lettre dactylographiées avec texte et dates.

Invitation officielle de la secrétaire d’État Judy Lamarsh au premier ministre Lester B. Pearson, datée du 24 novembre 1966. Fonds Lester B. Pearson R7581 (MIKAN 2615992)

Une lettre dactylographiée et signée par le bureau du premier ministre.

Lettre de réponse du premier ministre Lester B. Pearson à l’invitation d’assister à la première de la pièce The Centennial Play (Le jeu du centenaire) à Ottawa, datée du 2 décembre 1966 . Fonds Lester B. Pearson R7581 (MIKAN 2615992)

Si les critiques furent mitigées, on a cependant reconnu les efforts des auteurs qui ont tenté de présenter un visage un peu plus nuancé du passé canadien pour cette époque. Il va sans dire que bien des débats et des questionnements historiques d’aujourd’hui ne figuraient pas dans la trame de la pièce.

Document dactylographié avec titre, lieu de diffusion et date.

Page couverture et le programme de la production de Peter Boretski à l’Ottawa Little Theatre, en janvier 1967 (AMICUS 3904701)

Plusieurs spectacles et tournées seront financés par la Commission du centenaire durant les années 1960, notamment Anne aux pignons verts, Les Feux follets, L’orchestre national des jeunes du Canada et bien d’autres. Le jeu du centenaire faisait partie d’un vaste mouvement artistique et littéraire qui a émergé entre 1964 et 1967, porté par des artistes canadiens qui ont exprimé leur vision nouvelle du Canada notamment au sujet de la dualité linguistique au Canada et le développement d’une véritable identité « canadienne ».

Pour en savoir plus :

  • Le fonds Robertson Davies R4939 (MG30-D363) comporte plusieurs dossiers riches en notes de recherche, en dessins et plans de scène ainsi que de travail, versions préliminaires de la pièce Le jeu du centenaire.
  • Le fonds de la Commission du centenaire du Canada RG69 comporte les dossiers concernant les divers programmes offerts par la Commission ainsi que les multiples projets mis en œuvre entre 1957 et 1967.
  • Le fonds Marian Wilson R9113 (MG31 D48) comporte plusieurs dossiers de recherche au sujet du théâtre au Canada entre 1945 et 1972.

Théo Martin est archiviste en arts de la scène et du spectacle au sein de la Division des archives privées à Bibliothèque et Archives Canada.

2 réflexions au sujet de « Pas facile de mettre le Canada en scène – Le jeu du centenaire »

  1. Fort intéressant, je serais curieuse de lire la pièce et d’observer la perception des écrivains de ce temps-là et l’évolution que nous avons fait depuis 1966.

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