Canada : Qui sommes-nous?
Canada : Qui sommes-nous? est une nouvelle exposition de Bibliothèque et Archives Canada (BAC) qui marque le 150e anniversaire de la Confédération canadienne. Une série de blogues est publiée à son sujet tout au long de l’année.
Joignez-vous à nous chaque mois de 2017! Des experts de BAC, de tout le Canada et d’ailleurs donnent des renseignements additionnels sur l’exposition. Chaque « conservateur invité » traite d’un article particulier et en ajoute un nouveau — virtuellement.
Ne manquez pas l’exposition Canada : Qui sommes-nous? présentée au 395, rue Wellington à Ottawa, du 5 juin 2017 au 1er mars 2018. L’entrée est gratuite.
Une page sur Joliette, au Québec – premier recensement du Canada, 1871

Une page sur Joliette, au Québec, tirée du premier recensement du Canada, 1871.
Vous avez remarqué l’entrée d’Adolphe Perrault? En 1871, être voyageur est un gagne-pain! Au fil du temps, les recensements sont devenus la base de la politique sociale et de nombreux programmes qui définissent l’identité canadienne.
Parlez-nous de vous.
Je suis amatrice d’histoire et je démêle des casse-tête en matière d’histoire familiale avec enthousiasme. Je travaille à Bibliothèque et Archives Canada depuis plus de dix ans. J’ai passé la majeure partie de ce temps avec l’équipe de généalogie à répondre à des questions, à guider des visites, à enregistrer des balados, à m’échiner sur le folklore familial et à donner des conseils au bureau de généalogie et d’histoire familiale.
Les Canadiens devraient-ils savoir autre chose à ce sujet selon vous?
Lorsque j’ai vu pour la première fois l’entrée sur Adolphe Perreault (s’écrit aussi « Perrault ») dans le recensement canadien de 1871, j’ai remarqué qu’il était « voyageur » et qu’il venait de Joliette, au Québec. J’ai supposé qu’il s’agissait d’une simple entrée du recensement pour une famille s’adonnant à la traite de fourrures. J’étais même un peu déçue que ce soit si ordinaire. J’ai établi une liste de sources à vérifier pouvant donner des indications sur sa carrière de voyageur, comme les feuillets biographiques de la Compagnie de la Baie d’Hudson et les archives des notaires de Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Puis, je me suis empressée de retourner à mon travail de consultante en généalogie, gardant ces recherches pour un autre jour.
C’est alors qu’un collègue a souligné que le terme « voyageur » peut être ambigu. J’ai d’abord pensé que mon collègue compliquait bien trop une simple entrée de recensement, puis j’ai commencé à faire des recherches sur la vie d’Adolphe Perreault, ce voyageur.
Adolphe Perreault est né en 1848, à Saint-Sulpice, au Québec. Il est le fils d’Alexis Perreault et de Victoire Peltier. Lors du recensement de 1861, notre voyageur vivait avec sa famille. Son père Alexis était inscrit comme fermier. Adolphe a épousé Odile Vézina en 1866, à Joliette. Selon l’attestation de mariage, il est « cordonnier ». Adolphe et Odile ont eu deux enfants qui sont morts peu après leur naissance à la fin des années 1860.

Photo de l’église Notre-Dame de Bonsecours, à Joliette, prise vers 1881, environ dix ans après que M. Perreault a été recensé. (MIKAN 3321968)
Le prochain recensement dans lequel le nom d’Adolphe figure est celui des États-Unis, en 1870. Lui et Odile vivent à Spencer, au Massachusetts, avec la famille Vézina. Il y est inscrit qu’Adolphe travaille dans une fabrique de bottes avec son beau-père et son beau-frère, qui « s’occupent des semelles des bottes » (ils sont « boot bottomers »). Le premier enfant d’Adolphe et d’Odile qui survit, Zelphrin (Marie-Selférina) Perreault (Perrault), est né en 1870, au Massachusetts.
Puis, Adolphe revient au Canada et il se trouve à Joliette avec sa petite famille un an plus tard, lors du recensement canadien de 1871, dans lequel il est inscrit comme voyageur.
Il retourne à Spencer en 1872, où son autre fille, Cordelia, est née. Il travaille dans une fabrique de bottes. Le nom d’Adolphe figure dans beaucoup de documents au cours des trois décennies suivantes : il est mentionné comme père sur les attestations de naissance de ses nombreux enfants ou dans les recensements des États-Unis, toujours dans le domaine de la chaussure. Il meurt en 1906 à Spencer. Il fabriquait des chaussures au moment de son décès.
Finalement, nous ne saurons jamais s’il a essayé de s’adonner à la traite de fourrure pendant un an. Aucune des sources que j’ai trouvées n’indique qu’il a participé à la traite de fourrure lorsqu’il vivait au Québec. Je suppose qu’il a été « commis-voyageur », c’est-à-dire vendeur itinérant. Peut-être vendait-il les bottes qu’il avait fabriquées avec des membres de sa belle-famille à Spencer?
De toute manière, je peux maintenant affirmer que je ne serai jamais plus déçue par un recensement canadien. Une simple inscription peut mener à des recherches fascinantes et vous amener dans une direction différente de celle à laquelle vous songiez au départ.
Biographie
Sara Chatfield est consultante en généalogie à la Direction générale des services publics de Bibliothèque et Archives Canada.