Par Rebecca Meunier
Pensez à cinq inventions qui ont révolutionné nos vies.
Et maintenant, pensez à cinq inventions médicales d’origine canadienne. Moins évident, n’est-ce pas?
Tandis que de grandes découvertes universelles – comme la roue – nous viennent spontanément à l’esprit, nous peinons à trouver ne serait-ce que deux exemples de la seconde catégorie. Et pourtant, le Canada est depuis longtemps un chef de file mondial dans l’amélioration des soins de santé. Songeons à la découverte de l’insuline par sir Frederick Banting, à l’invention des céréales pour nourrissons Pablum et à la cobaltothérapie, toutes des inventions canadiennes.
Mais l’une d’elles les surpasse toutes. Elle a le pouvoir de faire battre votre cœur de façon régulière quand vous faites de l’exercice, et même quand vous êtes amoureux. Cette invention, c’est le stimulateur cardiaque externe (aussi connu sous le nom de stimulateur-défibrillateur), mis au point par l’ingénieur électricien John Alexander Hopps. Et grâce aux travaux qu’il a menés avec les chirurgiens Wilfred Bigelow et John Callaghan, son nouvel appareil a véritablement commencé à sauver des vies.

John Hopps (à l’arrière-plan) observe une chirurgie dans une salle d’opération. Photo non datée (a207051)
John Alexander Hopps naît à Winnipeg le 21 mai 1919. Après des études en génie électrique, il obtient son diplôme de l’Université du Manitoba en 1941. Alors que la guerre sévit outre-Atlantique, il travaille au Centre national de recherches, à Ottawa, où il prend part aux travaux pour développer le radar. En 1949, on l’envoie travailler à Toronto avec le Dr Wilfred Bigelow, qui vient de faire une importante découverte : les chirurgies à cœur ouvert entraînent moins de complications lorsque le patient est maintenu en hypothermie.
La collaboration entre ces deux hommes et un autre chirurgien, le Dr John Callaghan, mène à l’invention du stimulateur cardiaque externe dans les années 1950. Hopps ne le sait pas encore, mais cet appareil contribuera plus tard à prolonger sa propre vie. En 1957 et 1958, il œuvre au Sri Lanka, où il aide à fonder la première unité coloniale de génie en Asie du Sud-Est. Quinze ans plus tard, en 1973, on le retrouve au Conseil national de recherches à titre de chef de la nouvelle section du génie médical. Il continue de travailler à diverses innovations et s’emploie à promouvoir les normes de sécurité dans les hôpitaux, se préoccupant particulièrement de la prévention des risques de décharge électrique dans les salles d’opération.
Étant donné ses connaissances poussées en technologie et en médecine, Hopps est confronté à toutes sortes de situations au cours de sa carrière. On lui demande même de rédiger un rapport sur les dangers potentiels d’un four à micro-ondes utilisé par le personnel de l’hôpital Riverside! Sa conclusion : aucun effet néfaste notable n’en découle.
Hopps est aussi le fondateur et premier président de la Société canadienne de génie biomédical. À ce titre, il continue de préconiser l’utilisation du génie dans la sphère médicale.
Le stimulateur cardiaque que nous connaissons aujourd’hui a certes beaucoup évolué depuis son invention, alors qu’il avait la taille d’un four à micro-ondes! Au fil des ans, médecins et inventeurs ont contribué à en réduire la taille, jusqu’à ce qu’il soit assez petit pour être installé à l’intérieur du corps au moyen d’une chirurgie moins invasive.

Stimulateur-défibrillateur externe utilisé en salle d’opération (e011200816-v8)
Cet appareil est rapidement devenu indispensable dans les hôpitaux, qui l’ont intégré à leurs unités mobiles de cardiologie.

Appareil mobile de réanimation cardiaque (e011200817-v8)

John A. Hopps, vers 1945 (e011200817-v8)
En 1986, Hopps est nommé officier de l’Ordre du Canada. Il décède en 1998, après avoir transformé à tout jamais les interactions entre la médecine et la technologie.
Pour en savoir plus sur John Alexander Hopps et le stimulateur cardiaque externe, consultez le fonds John Alexander Hopps conservé à Bibliothèque et Archives Canada. Vous y trouverez diverses ressources, allant de photographies de chirurgie cardiaque à des documents textuels liés à son travail, en passant par des images qui contribuent à faire la lumière sur l’évolution de sa célèbre invention.
Rebecca Meunier est étudiante et travaille comme technicienne en orientation à Bibliothèque et Archives Canada.