Il pleuvait sur la Colline du Parlement lorsque la reine Elizabeth II et le premier ministre Pierre Elliot Trudeau ont signé la proclamation de la Loi constitutionnelle le 17 avril 1982. Des marques laissées par les gouttes de pluie, mélangées à l’encre, sont toujours visibles en guise de signes bien concrets de la riche histoire de la Loi.
La proclamation de la Loi constitutionnelle est un document important pour tous les Canadiens, car elle symbolise l’histoire du Canada, du temps de la colonie jusqu’au pays indépendant que nous connaissons aujourd’hui. À l’instar de nombreux autres documents historiques très précieux, celui-ci est presque toujours resté dans une chambre forte à des fins de conservation.
Comme c’est chaque fois le cas lorsqu’on expose la collection, il faut atteindre un certain équilibre. Exposer des objets signifie les soumettre à une lumière potentiellement dommageable, et ne pas les exposer se traduit par un accès restreint à la collection. Le prêt de la proclamation de la Loi constitutionnelle au nouveau Musée canadien pour les droits de la personne à Winnipeg a constitué un défi exaltant pour le personnel des Soins préventifs et Conservation à Bibliothèque et Archives Canada (BAC) : il fallait rendre le document accessible aux Canadiens.
Donc, en quoi consistent les préparatifs en vue d’exposer un des documents les plus importants du Canada?
Des études menées en 2012 par l’Institut canadien de conservation ont permis de conclure que les encres ayant servi à signer la Loi sont extrêmement sensibles à la lumière. Dans un effort visant à prolonger la durée de vie du document, celui-ci n’est exposé qu’un certain nombre d’heures par année. Le personnel de BAC a dessiné et conçu un caisson et une vitrine de pointe afin de protéger la Loi de la lumière néfaste, du vandalisme et du vol.
Au départ, la Loi était conservée dans un boîtier fait sur mesure permettant de gérer l’humidité, l’exposition aux UV et la teneur en oxygène de manière à freiner la détérioration du document. Une vitrine a ensuite été fabriquée dans le but de limiter la quantité totale de lumière pénétrante durant l’exposition.

Des restaurateurs posent à l’intérieur du boîtier un tissu de carbone activé qui permet de filtrer l’air, absorbant ainsi les polluants atmosphériques.
La vitrine est composée d’une couche de verre opaque noir spécial (protégeant le document de la lumière visible dans une proportion de 97 %), qui, activée par un simple bouton, peut rapidement devenir translucide lorsque le document est illuminé. Tout le système est relié à une minuterie qui gère la durée pendant laquelle le document est visible et enregistre le temps d’exposition total durant le prêt. Ce faisant, BAC peut mesurer la durée pendant laquelle la Loi sera exposée à la lumière pendant sa vie.

Le sac argenté dans le boîtier joue le rôle d’un soufflet qui régularise la pression de l’air une fois que le boîtier est scellé afin d’éviter un changement de température ou de pression atmosphérique.
Le projet vise à rehausser l’accès du public au patrimoine de notre pays sans compromettre la préservation à long terme de la proclamation de la Loi constitutionnelle et à s’assurer que les Canadiens seront en mesure de voir ce trésor national, et ce, pour de nombreuses générations à venir.
Visitez le Musée canadien pour les droits de la personne à Winnipeg pour profiter de cette rare occasion de voir la proclamation de la Loi constitutionnelle et d’autres documents importants faisant partie des collections de BAC durant les expositions inaugurales du Musée.
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