La tournée de l’Ouest canadien de sir Arthur Conan Doyle, juin 1914

Imaginez si le gouvernement canadien invitait un célèbre auteur britannique à parcourir le Canada en train et à séjourner dans un tout nouveau parc national, et ce, aux frais des contribuables! Croyez-vous cela possible? Eh bien! C’est ce qui est arrivé il y a un peu plus de cent ans. Au printemps 1914, sir Arthur Conan Doyle (connu pour son personnage Sherlock Holmes) a été invité à voyager à bord d’un train de la Grand Trunk Pacific Railway Company qui venait tout juste de commencer à assurer la liaison entre Montréal et le parc national Jasper. M. Conan Doyle a accepté l’invitation, et lui et sa femme, Jean Leckie, ont effectué le voyage entre mai et juillet 1914. Le photographe officiel du voyage n’était nul autre que l’homme bien connu, William James Topley, un coup d’éclat sur le plan des relations publiques! Le beau-fils de M. Topley, R.C.W. Lett, occupait une place importante au sein de la Grand Trunk Pacific Railway Company et il l’a persuadé de photographier Conan Doyle pendant son voyage.

De Montréal à Winnipeg

Le voyage de M. Conan Doyle en train jusqu’à Jasper était, comme ce l’est encore de nos jours, la quintessence des expéditions au Canada. Plus tard, M. Conan Doyle décrira son expérience dans son autobiographie intitulée Memories and Adventures (disponible en anglais seulement) comme suit :

« … Nous avons accepté une invitation du gouvernement canadien à inspecter la Réserve nationale du parc Jasper dans les Rocheuses du Nord. La Grand Trunk Railway (canadienne) nous a facilité les choses en mettant généreusement à notre disposition un wagon privé qui allait circuler sur son réseau. En fait, il s’agissait d’une maisonnette agréablement confortable consistant en un salon, une salle à manger et une chambre à coucher. Le wagon appartenait à M. Chamberlin, le président de la voie ferrée, qui nous a permis d’en faire usage. Exaltés, nous avons entrepris notre longue et agréable expédition en mai. » [TRADUCTION LIBRE]

En conséquence, l’auteur de grand renom et sa femme montent à bord d’un navire en Angleterre pour se rendre à New York à la fin de mai 1914, puis ils prennent le train jusqu’à Montréal, où ils arrivent le 3 juin 1914.

Une carte postale en noir et blanc reproduisant trois photographies de bâtiments situés à proximité de la gare de train à Montréal.

Une carte postale imprimée par la société Albertype avec trois illustrations : la gare de la Grand Trunk Railway Company, les bureaux de la Grand Trunk Railway Company et la gare-hôtel Viger du CP (Chemin de fer Canadien Pacifique) (MIKAN 3335217)

Conan Doyle visite les lieux d’intérêt de la ville et en profite pour se rendre à Trois-Rivières. De plus, l’auteur parle de l’avenir de la littérature canadienne (The Future of Canadian Literature [en anglais seulement]) devant le Cercle canadien de Montréal. Il va reprendre le même discours à Winnipeg, à Edmonton et à Ottawa. Entre le 5 et le 8 juin, Conan Doyle se rend de Montréal à Winnipeg par train et par bateau. D’abord, par train jusqu’à Sarnia (Ontario), puis à bord du navire à vapeur Harmonic en direction de Fort William (près de Thunder Bay). De cette portion du voyage, il fait l’observation suivante : « Puis, apparaît l’immense étendue des Grands Lacs, ces magnifiques mers intérieures sillonnées par des navires à vapeur océaniques. » [TRADUCTION LIBRE]

Pour ce qui est du Nord-Ouest de l’Ontario, il écrira : « La véritable division entre l’Est et l’Ouest du Canada ne se fait pas à partir des Grands Lacs, si précieux en tant que voie navigable, mais elle se fait plutôt quelque part le long des 500 milles qui séparent les Grands Lacs de Winnipeg. » [TRADUCTION LIBRE] Ils séjournent une nuit à l’auberge Minaki près de Sioux Lookout, à leur arrivée à Winnipeg (Manitoba), le 8 juin en fin de journée.

Une photographie en noir et blanc illustrant l’entrée d’un imposant édifice. Des automobiles et des carrioles tirées par des chevaux attendent en file, et des gens sont debout près de l’entrée.

Entrée de la gare de la Grand Trunk Pacific Railway Company et des Chemins de fer nationaux du Canada à Winnipeg, par William Topley, 1914 (MIKAN 3587592)

Une photographie en noir et blanc d’une large rue achalandée; on y voit des tramways, des automobiles, des carrioles tirées par des chevaux, des cyclistes et des piétons. Les édifices bordant la rue semblent récents et dénotent une certaine prospérité.

Le magasin Eaton, sur l’avenue Portage, à Winnipeg, par William Topley, 1914 (MIKAN 3587605)

Ces images documentent superbement bien l’effervescence de la ville des Prairies. L’arrêt à Winnipeg est de courte durée, mais M. Conan Doyle souligne : « Je crois que le Britannique moyen n’a pas la moindre idée des commodités qu’offre Winnipeg. Il serait probablement fort surpris d’apprendre que l’hôtel Fort Garry qui s’y trouve est presque aussi moderne et luxueux que tout hôtel à Northumberland. » [TRADUCTION LIBRE]

De Winnipeg à Edmonton

Le 9 juin, M. Conan Doyle arrive à Edmonton après avoir traversé les Prairies.

Une photographie en noir et blanc d’une gare de train, prise de l’autre côté de la voie ferrée. On y voit une affiche arborant le mot « Biggar », et une note au bas de la photographie qui indique qu’il s’agit de la gare G.T.P., à Biggar (Saskatchewan).

La gare de la Grand Trunk Pacific Railway Company, à Biggar (Saskatchewan) (MIKAN 3393480)

Et il aurait traversé le pont en contre-haut à l’entrée d’Edmonton.

Une photographie en noir et blanc d’un pont ferroviaire en contre-haut surplombant une rivière.

Le pont en contre-haut à Edmonton, par William Topley, 1914 (MIKAN 3587671)

Le couple reste deux jours à Edmonton. Conan Doyle constate la nature brute de la ville, il la compare à Winnipeg : « En 1914, Edmonton n’offre pas un tel luxe. La ville était dans un étrange état de mi-figue mi-raisin, grossière et brute, elle dégageait néanmoins une atmosphère pleine d’énergie et d’activité, et laissait entrevoir une magnificence à venir. Grâce aux jonctions des voies ferrées et aux voies navigables, cette ville deviendra sans conteste une grande ville. » [TRADUCTION LIBRE]

Une photographie en noir et blanc prise à partir d’une colline surplombant une ville; on y voit des cyclistes qui se reposent couchés dans l’herbe et, à proximité, d’autres hommes sont assis.

La ville d’Edmonton vue de la « Summer House », par William Topley, 1914 (MIKAN 3587646)

Une photographie en noir et blanc d’une large avenue, grossièrement pavée, où des tramways, des carrioles tirées par des chevaux et des automobiles se côtoient. Il s’agit de l’image d’une rue bourdonnant d’activité.

Edmonton, vue d’une rue dans cette ville frontalière, par William Topley, 1914 (MIKAN 3587667)

Les deux villes des Prairies, Winnipeg et Edmonton, contrastaient vivement avec le paysage époustouflant des montagnes du parc national Jasper. Dans le prochain blogue, nous nous pencherons sur le séjour prolongé de sir Arthur Conan Doyle à Jasper, un lieu qui l’inspirera pour un poème revêtant une certaine importance…

Une réflexion au sujet de « La tournée de l’Ouest canadien de sir Arthur Conan Doyle, juin 1914 »

  1. Ping : Album photos no 47 : Compte rendu d’une expédition authentique et reconstituée dans l’Ouest canadien : un mystère! | Le blogue de Bibliothèque et Archives Canada

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