Par Shane McCord
L’exposition Première de Bibliothèque et Archives Canada (BAC), qui a pris fin récemment, présentait quatre dessins de l’aspirant de marine Robert Hood (vers 1797-1821). Ces œuvres ont fait l’objet d’un billet du Découblogue en avril 2015, peu après leur acquisition.
Robert Hood démontre son talent dans plusieurs disciplines : le dessin, la cartographie, la science, l’histoire naturelle, et même l’anthropologie, avant l’apparition du terme. De nos jours, il est surtout connu pour sa participation à l’expédition Coppermine (1819-1822) dirigée par John Franklin.
Pendant son périple, Hood documente plusieurs espèces d’animaux et d’insectes alors inconnues. Il devient également le premier homme à prendre conscience de la nature électromagnétique des aurores boréales. Après sa mort, certains de ses dessins sont reproduits et publiés dans le rapport d’expédition rédigé par Franklin. Celui-ci se montre très élogieux à l’égard du travail et du comportement de Hood.
Hood jouit d’une certaine notoriété pour sa contribution à la science pendant l’expédition, mais on se souvient aussi du triangle amoureux dont il a fait partie avec Green Stockings, une femme dénée, et sir George Back, un autre artiste membre de l’expédition. Cette histoire tristement célèbre, marquée par un duel avorté entre Back et Hood, a été racontée à plusieurs reprises. L’entrée du Dictionnaire biographique du Canada sur Hood en fait un bon résumé.

Keskarrah, un guide [de la Première Nation des Dénés Couteaux-Jaunes], avec sa fille Green Stockings réparant une raquette. (e011156563)

Portraits des interprètes [inuits] de Churchill embauchés par l’expédition terrestre dans le Nord (e011154367)
Deux autres dessins représentent des mammifères nordiques : un vison et un renard croisé. À l’époque de la création de ces œuvres, les scientifiques d’Europe occidentale commencent à s’intéresser à de telles espèces. La capacité de produire des images de cette qualité explique en grande partie pourquoi l’officier Hood est choisi au sein de l’expédition. En plus de leur valeur esthétique, ces dessins donnent de l’information importante sur la faune dans la région explorée, ainsi que de précieux renseignements pour l’expansion de la traite des fourrures.

Vison (e011154368)

Un renard croisé capture une souris. (e011154369)
Le dernier dessin, le plus intéressant, montre l’intérieur d’une tente crie. Il est ainsi décrit : « Intérieur d’une tente des Indiens du Sud; dessiné au poste de traite Cumberland House de la Compagnie de la Baie d’Hudson. La tente est faite de peau d’orignal, et les vêtements des Autochtones, en peaux. Les tissus proviennent d’usines anglaises. Le 25 mars 1820, Robert Hood, expédition terrestre dans le Nord. » C’est une œuvre précieuse en raison de son contexte historique et de l’information anthropologique qu’elle contient. Dans son journal sur l’expédition, Hood affirme qu’il a exécuté son dessin le 31 mars, et il raconte des anecdotes sur les personnes qui se trouvent dans la tente. La question est de savoir s’il parle bien de ce dessin et si les dates sont exactes, ou encore s’il fait référence à un autre dessin.

Intérieur d’une tente crie (e011154370)
Les quatre dessins nous renseignent sur la région de Cumberland House, dans le nord de la Saskatchewan actuelle. Ils sont encore plus fascinants en raison du contexte dramatique dans lequel ils ont été exécutés.
Les expéditions de Franklin ont joué un rôle important dans la formation de la nation canadienne. Les aspects tragiques de la première d’entre elles, notamment, en font l’un des épisodes les mieux connus dans l’histoire de l’Arctique.
Shane McCord est archiviste en art à la Direction générale des archives de Bibliothèque et Archives Canada.