Par Julie Dobbin
Depuis ses débuts, en 2012, le projet Un visage, un nom, axé sur les Inuits, a été étendu afin que l’ensemble des Autochtones participent à l’identification des photographies de la collection de Bibliothèque et Archives Canada (BAC).
La majorité des personnes sur les images faisant partie de la collection n’ont jamais été identifiées; elles sont anonymes. De plus, les descriptions archivistiques liées aux événements et aux activités sont absentes ou doivent être mises à jour (noms de lieux, noms de bandes ou terminologie). L’information est fondée sur les légendes et les inscriptions originales se trouvant dans les dossiers, elle reflète donc les préjugés et les attitudes des non-Autochtones de l’époque. Depuis 2002, environ 10 000 images ont été numérisées, et approximativement 2 500 activités, lieux et Inuits (principalement) ont été identifiés.
Pour souligner le 15e anniversaire du projet, un événement a eu lieu pendant trois jours en mars 2017. Il a été tenu à BAC et à l’Université Carleton, à Ottawa, et des Inuits, des membres des Premières Nations, des Métis ainsi que le grand public y ont participé.
L’événement soulignant le 15e anniversaire d’Un visage, un nom ne visait pas seulement à célébrer l’identification des personnes et les partenariats avec les communautés inuites, mais il se voulait aussi une célébration des cultures autochtones ainsi qu’une occasion de jeter un regard sur le passé pour bâtir un avenir meilleur. Pendant les trois jours, les aînés inuits, métis et des Premières Nations ont fait part de leurs connaissances et formulé des recommandations importantes sur l’orientation future d’Un visage, un nom et sur l’avenir d’un pays où les Autochtones ont désormais une identité, peuvent s’exprimer et ne sont plus oubliés.

Clément Chartier, président du Ralliement national des Métis, à @visage_nom sur Twitter pour l’événement soulignant le 15e anniversaire d’Un visage, un nom, le 3 mars 2017.
Même si Un visage, un nom a fait de grands pas pour corriger les erreurs du passé, il reste encore bien du travail à accomplir. Pour souligner le 15e anniversaire du projet, de nouvelles pages officielles ont été lancées sur Facebook et sur Twitter. Cette plus grande présence dans les médias sociaux fournit une nouvelle plateforme aux peuples autochtones et aux Canadiens non autochtones pour relater leurs récits, raconter leur histoire et continuer le travail important entrepris par Un visage, un nom.

Manitok Thompson (à gauche) et Kathleen Ivaluarjuk Merrit (à droite) identifiant des photographies à la galerie d’art de l’Université Carleton, à Ottawa, le 2 mars 2017.
« Voir ces photographies, c’est comme rentrer à la maison », a déclaré l’aîné inuit Piita Irniq pendant l’événement. Sa déclaration montre tout le pouvoir d’une photographie. Par conséquent, le projet Un visage, un nom ne consiste pas simplement à identifier des personnes, des lieux et des objets; il aide à regagner ce qui était perdu, à se retrouver et à rentrer chez soi. L’événement a permis bien plus que trouver des noms. Il a permis de faire part de connaissances, qu’elles concernent les vêtements, les traits physiques, la chasse, la pêche, le trappage, les familles ou les modes de vie traditionnels. Surtout, chaque photographie donnait la possibilité de faire part d’un récit ou d’un souvenir.

L’aîné Piita Irniq (à droite) et les étudiants du collège Nunavut Sivuniksavut Gabe Klengenberg (à gauche) et Aislyn Gizelle (au centre) lors d’une séance tenue à BAC pour le 15e anniversaire d’Un visage, un nom, le 1er mars 2017.
Je ne peux pas parler pour les autres, mais j’ai l’impression que les personnes qui ont participé à l’événement sont reparties avec plus de connaissances qu’à leur arrivée. C’était véritablement trois journées d’enseignement, un enseignement dont chaque Canadien tirerait parti, et un enseignement qu’Un visage, un nom a l’intention de favoriser. Chaque fois qu’un visage était identifié lors de l’événement, cela était ressenti comme une victoire et faisait une différence, car une identité était rendue. Avoir la chance de regarder les aînés identifier des personnes et des lieux était remarquable. Le plus incroyable, c’était l’énergie dans l’air, le sentiment de collaboration, de respect et de réconciliation. Un visage, un nom continuera le travail significatif accompli au cours des 15 dernières années; grâce aux nouveaux partenariats établis avec les Inuits, les membres des Premières Nations et les Métis, une différence positive continuera à être faite. Les personnes qui ne connaissent pas Un visage, un nom et ne savent pas comment aider sont invitées à visiter la page Web du projet et ses comptes dans les médias sociaux, à « aimer » la page, à publier les photographies et à contribuer à rendre le Canada meilleur, à en faire un pays où l’identité des personnes ne sera pas effacée, où elle sera plutôt célébrée et honorée.
Pour promouvoir Un visage, un nom et en savoir plus sur ce projet :
- Page Web d’Un visage, un nom
- Page Facebook d’Un visage, un nom
- Les peuples autochtones sur Flickr
- Balado Un visage, un nom et le Nord canadien
- @visage_nom sur Twitter
Julie Dobbin fait sa maîtrise ès arts en études autochtones et canadiennes à l’Université Carleton. Elle a écrit cet article pendant un stage à la Division sur les expositions et le contenu en ligne de Bibliothèque et Archives Canada.