Par Andrew Elliott
Surplombant la rivière des Outaouais, l’édifice de Bibliothèque et Archives Canada qu’on surnomme « le 395, rue Wellington » est reconnaissable entre tous. Bien visible des deux côtés de la rivière, il abritait autrefois les Archives et la Bibliothèque nationales, d’où son ancienne appellation de PANL (de l’anglais Public Archives National Library). Il incarne la mémoire collective de notre pays, constituée de toutes les ressources documentaires que nous recueillons, préservons et diffusons.
Mais connaissez-vous la fascinante histoire entourant la conception et la construction de ce lieu patrimonial? En novembre 1952, un site est d’abord choisi près de l’intersection des rues Bank et Wellington. Cependant, à la Commission du district fédéral (l’ancêtre de la Commission de la capitale nationale), le comité chargé de la planification donne plutôt le feu vert pour le 395, rue Wellington. Les dés sont jetés : c’est à cet endroit que s’élèvera le nouvel édifice de la Bibliothèque et des Archives nationales.
Suivant une suggestion de Louis Saint-Laurent, premier ministre de l’époque, le Cabinet retient les services de la prestigieuse firme d’architectes Mathers & Haldenby, du nom de ses deux fondateurs : Alvan Sherlock Mathers (1895-1965), originaire d’Aberfoyle, en Ontario, et Eric Wilson Haldenby (1893-1971, originaire de Toronto. [Liens en anglais seulement] La firme aura pignon sur rue de 1921 à 1991.
Toutefois, la construction de l’édifice est reportée pendant presque une décennie : il faut d’abord démolir un bâtiment temporaire érigé sur le terrain. En 1958, nouveau délai : une gigantesque explosion due à une fuite de gaz détruit un édifice gouvernemental rue Slater, entraînant le déménagement de centaines de fonctionnaires dans les locaux restants du bâtiment temporaire.
En 1960, le contrat pour la construction de l’édifice est alloué à l’entreprise Ellis-Don. À l’automne 1963, les travaux commencent enfin; ils se prolongeront jusqu’en 1967. Le studio de photographie Van, basé à Ottawa, en immortalisera toutes les étapes.
BAC vient tout juste de numériser une remarquable série de photos illustrant ce chantier. Vous pouvez les voir dans les acquisitions du ministère des Travaux publics. En voici quelques-unes :

Travaux d’excavation sur le chantier, 4 septembre 1963 (MIKAN 3600820)

Vue du côté nord de l’édifice en construction, 15 juillet 1965 (MIKAN 3600860)

Vue du côté sud-est de l’édifice en construction, 16 août 1965 (MIKAN 3600863)

Légende : Vue du côté nord-est de l’édifice, 26 novembre 1965 (MIKAN 3600869)

Vue intérieure de l’édifice avec des rayonnages partiellement aménagés, 21 novembre 1966 (MIKAN 3600895)

Salle de lecture partiellement aménagée et dotée de plafonds vitrés, 24 février 1967 (MIKAN 3600901)

Magnifiques colonnes et murs de marbre dans l’entrée de l’édifice, 27 juin 1966
(MIKAN 3600882)
Le 10 mai 1965, le gouverneur général Georges Vanier pose la première pierre officielle du 395, rue Wellington. À l’intérieur de celle-ci, il a fait insérer un élégant coffret de cuivre renfermant des images et des descriptions de l’édifice, ainsi qu’un exemplaire des plus récentes publications de la Bibliothèque et des Archives nationales. L’inauguration a lieu le 20 juin 1967, juste à temps pour les célébrations du centenaire du Canada. Vous pouvez écouter ici les cérémonies d’ouverture :
- 1967 : The National Library of Canada opens new HQ (inauguration de la nouvelle administration centrale de la Bibliothèque nationale du Canada, en anglais seulement).
Le 395, rue Wellington allie de façon unique fonctionnalité et esthétisme, comme en témoigne le rapport no 04-027 du Bureau d’examen des édifices fédéraux du patrimoine : « C’est une réalisation de très grande qualité […] Sur le plan esthétique, le bâtiment amalgame avec élégance et raffinement le modernisme classique canadien et le nouveau modernisme, ce qui lui confère une apparence moderne, fonctionnelle et bien pensée […] Sur le plan pratique, il répond à une gamme variée d’usages, comme en témoigne la disposition des espaces publics, des services et des rayonnages». [traduction] Pour en savoir plus, consultez cette fiche sur les lieux patrimoniaux du Canada consacrée à l’édifice.
Bref, ni les efforts ni les investissements n’ont été ménagés dans la conception du 395, rue Wellington, un édifice qui demeure encore aujourd’hui un symbole au cœur d’Ottawa.
Andrew Elliott est archiviste à la Division Science, gouvernance et politique de Bibliothèque et Archives Canada.