Par Andrew Horrall
Bibliothèque et Archives Canada (BAC) détient la plus grande collection de documents sur le 2e Bataillon de construction, une unité ségrégée du Corps expéditionnaire canadien (CEC). Ils veulent alors se battre, mais les attitudes racistes des dirigeants politiques et militaires – ainsi que de la société en général – les empêchent de servir en première ligne. Au lieu de cela, le 2e Bataillon de construction est affecté au Corps forestier canadien. Les hommes passent la guerre dans les Alpes françaises, où ils abattent des arbres, transforment des troncs bruts en bois fini et transportent le bois jusqu’au chemin de fer. À l’époque, le travail est vital, puisque d’énormes quantités de bois sont nécessaires pour construire et renforcer les défenses de première ligne, mais il est loin du type de service que les hommes avaient espéré.

Le badge de casquette du 2e Bataillon de construction (e011395922)
Dossiers de service du Corps expéditionnaire canadien – Les membres sont identifiés par la mention « No. 2 Construction Battalion » (2e Bataillon de construction) dans le champ Unité de la base de données. Les dossiers de service de plus de 800 militaires donnent la 2e Compagnie de construction comme unité. Cependant, bon nombre de ces hommes ont plutôt servi au sein d’autres unités du Corps expéditionnaire canadien. Les raisons expliquant les écarts entre les dossiers du personnel et ceux des unités ne sont pas claires. Il est possible que des besoins pressants aient forcé les autorités militaires canadiennes à envoyer des hommes dans d’autres unités, même si elles avaient l’intention de les affecter à la 2e Compagnie de construction au départ. Il est également possible que la guerre se soit terminée avant que certains hommes n’aient le temps de se joindre à la compagnie.
C’est en juillet 1916 que l’unité est mobilisée à Truro, en Nouvelle-Écosse. Elle recrute alors dans les communautés noires établies dans les Maritimes et le sud-ouest de l’Ontario, ainsi qu’ailleurs au Canada, dans les Caraïbes et aux États-Unis. Au moins deux membres viennent de beaucoup plus loin, soit Cowasjee Karachi (matricule 931759), originaire de l’actuel Yémen, et Valdo Schita (matricule 931643), né près de Johannesburg, en Afrique du Sud.

Le lieutenant F. N. Ritchie, le lieutenant Courtney et quelques-uns des hommes enrôlés du Corps forestier canadien en France. Il s’agit de la seule photo de l’unité conservée dans la collection à BAC (a022752).
Si l’unité est composée d’hommes noirs, les officiers sont Blancs, à l’exception de l’aumônier, le capitaine William « Andrew » White.
L’unité est désignée à la fois par les termes « bataillon » et « compagnie » dans les documents d’archives et les sources publiées. Créée à l’origine comme un bataillon dans le Corps expéditionnaire canadien, elle est composée d’environ 1 000 hommes. Lorsque seulement quelque 600 hommes arrivent en Angleterre en 1917, les autorités militaires la renomme « compagnie », ce qui reflète mieux sa taille.
L’unité rentre au Canada à la fin de la guerre et est officiellement dissoute en septembre 1920. Au fil du temps, l’histoire du 2e Bataillon de construction s’estompe jusqu’à ce que les familles, les membres de la communauté et les historiens commencent à la faire renaître au début des années 1980. Il ne reste alors plus qu’une poignée de membres survivants.
Note sur les termes utilisés dans les documents
De nombreux documents relatifs à la 2e Compagnie de construction contiennent des termes qui étaient couramment utilisés pendant la Première Guerre mondiale, mais qui ne sont plus acceptables aujourd’hui. BAC a remplacé ces termes dans les descriptions, mais on les trouve encore dans de nombreux documents originaux. L’utilisation de ces termes par les autorités militaires est une preuve du racisme subi par les hommes de l’unité.
Andrew Horrall, archiviste à Bibliothèque et Archives Canada, a rédigé le billet de blogue. Il a aussi recensé les documents relatifs au 2e Bataillon de construction, avec l’aide d’Alexander Comber et de Mary Margaret Johnston-Miller.
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