Commémoration de la bataille de Beaumont-Hamel

Par Ethan M. Coudenys

Le 1er juillet 1916 à 7 h 20, une redoute allemande installée sur Hawthorne Ridge explose. Dix minutes plus tard, l’assaut britannique est lancé. La bataille de la Somme commence, après des préparatifs beaucoup plus longs que prévu. L’objectif est de soulager les forces françaises sous pression à Verdun.

À l’origine, la bataille devait se dérouler à la fin de juin. Le mauvais temps ayant repoussé l’attaque, les hommes du First Newfoundland Regiment (qui deviendra le Royal Newfoundland Regiment) ont dû ronger leur frein.

Pendant 45 minutes (de 9 h à 9 h 45), les hommes du régiment sortent de la tranchée Saint John’s Road et se précipitent dans le no man’s land. Malheureusement, les importantes pertes subies pendant les premières vagues de l’assaut obligent les soldats terre-neuviens à sortir des tranchées relativement sécuritaires qui relient la tranchée secondaire aux tranchées de première ligne et d’observation. Près de 85 % de l’effectif est tué, blessé, ou disparu pendant cette heure fatidique, si bien que le lendemain, à peine 65 des quelque 900 hommes du régiment répondent à l’appel.

La bataille de Beaumont-Hamel demeure la plus sanglante de l’histoire de Terre-Neuve, et de la Première Guerre mondiale. Elle est si coûteuse pour le Dominion de Terre-Neuve que celui-ci doit reprendre le statut de colonie britannique dans les années 1920, avant de se joindre à la Confédération canadienne en 1949. L’histoire particulièrement émouvante de cette bataille mériterait beaucoup plus d’attention.

Groupe de soldats debout sur une colline, devant un monument représentant un caribou. Au pied de la colline, une foule devant des plaques de bronze observe la scène.

Cérémonie en l’honneur du Royal Newfoundland Regiment, au monument de Beaumont-Hamel (e010751150).

Le parc du Mémorial terre-neuvien à Beaumont-Hamel a été aménagé sur le lieu de cette bataille. Il est actuellement géré par Anciens Combattants Canada. Tous les jours, des guides étudiants canadiens racontent l’histoire des Terre-Neuviens qui ont sacrifié leur vie pour la nation pendant la Grande Guerre. Le parc est tout simplement magnifique avec ses arbres géants, ses jardins enchanteurs et le centre pour les visiteurs. Le paysage, toutefois, témoigne des conséquences effroyables que la bataille de Beaumont-Hamel a eues sur le Dominion de Terre-Neuve et de la terrifiante vie au front pour le régiment.

Le monument a été dévoilé le 7 juin 1925. L’objectif était que les soldats tués pendant cette bataille soient comme chez eux. Dans ce but, l’architecte paysagiste Basil Gotto a planté plus de 5 000 arbres venus de Terre-Neuve. La principale sculpture est le monument du Caribou, situé tout près de la ligne de front britannique. Cette grande statue de bronze regarde dans la direction où le régiment avançait le 1er juillet 1916. Sa bouche ouverte semble appeler ses frères disparus pour qu’ils reviennent à la maison. Sept monuments comme celui du Caribou se trouvent en France, en Belgique, en Turquie et à Terre-Neuve-et-Labrador pour rappeler les grandes étapes de l’épopée du Royal Newfoundland Regiment pendant la Première Guerre mondiale.

Au pied du vaste monticule sur lequel se dresse le caribou, trois plaques de bronze donnent les noms de 823 soldats, marins et matelots de la marine marchande tués pendant la guerre qui n’ont pas de sépulture connue. Le plus jeune d’entre eux est mort à 14 ans, et le plus vieux, à 60 ans. Les plaques sont là depuis l’ouverture du site; elles ont survécu à la Deuxième Guerre mondiale et à plusieurs événements météorologiques. Seuls les lions de bronze qui avaient été installés près du monument de la 51e Division d’infanterie, à l’arrière du parc, ont été perdus pendant le conflit de 1939-1945.

Monument du Caribou sur une colline parsemée de rochers, dans le brouillard.

Le monument du Caribou à Beaumont-Hamel, vers décembre 2022. Image courtoisie de l’auteur, Ethan M. Coudenys.

Le parc du Mémorial terre-neuvien à Beaumont-Hamel compte parmi les plus touchants et les mieux préservés des monuments commémorant les sacrifices consentis pendant la Première Guerre mondiale. Des étudiants canadiens y offrent des visites guidées gratuites. L’atmosphère qui y règne donne une bonne idée de l’horreur de la bataille de Beaumont-Hamel et des pertes inimaginables subies par le Royal Newfoundland Regiment.

Autres ressources


Ethan M. Coudenys est conseiller en généalogie à Bibliothèque et Archives Canada et ancien guide étudiant au Mémorial terre-neuvien à Beaumont-Hamel.

Terre-Neuve et le 100e anniversaire de la bataille de la Somme

Déclenchée le 1er juillet 1916, la bataille de la Somme figure parmi les batailles les plus tristement célèbres à être livrées durant la Première Guerre mondiale et l’une des plus symboliques de cet horrible carnage.

Photographie en noir et blanc d'un paysage bucolique.

Vue d’ensemble du champ de bataille, en regardant vers Contalmaison (bataille de la Somme). Juillet 1916 (MIKAN 3520937)

L’attaque est lancée sur un front de 30 kilomètres dans le nord de la France. Assaut planifié, au départ, par les alliés et regroupant des Français et des Britanniques, il avait pour but de détourner les forces allemandes du siège qu’elles occupaient à Verdun. Le plan consiste à effectuer pendant huit jours des bombardements d’artillerie préliminaires afin de détruire les barbelés allemands et les lignes avant allemandes, de sorte que les forces attaquantes pourront, tout simplement, avancer et prendre possession du territoire. Toutefois, l’artillerie est incapable de détruire l’une ou l’autre des cibles et, à 7 h 30 le 1er juillet 1916, lorsque le bombardement prend fin, l’infanterie allemande émerge des bunkers, dirigeant ses mitrailleuses vers les brèches dans les barbelés qui, ailleurs, ont tenu le coup. On estime que 60 000 soldats britanniques et alliés, dont près de 800 Terre-Neuviens, trouveront la mort ou seront blessés cette journée-là seulement. La bataille de la Somme s’étend jusqu’au 18 novembre 1916. Après n’avoir gagné que 12 kilomètres de terrain, on enregistre 420 000 pertes du côté des Britanniques, 200 000 pour ce qui est des Français et 500 000 chez les Allemands.

Photographie en noir et blanc d'une forêt dévastée, seulement quelques troncs se dressent encore.

Vue du Maple Copse (bataille de la Somme). Juillet 1916 (MIKAN 3520908)

Lire la suite

L’anniversaire de la participation des chars d’assaut au combat

Les premiers chars d’assaut ont fait leur apparition dans l’armée en septembre 1916, lors de la bataille de Flers-Courcelette, en France. La Première Guerre mondiale en était alors à un tournant crucial, alors que la bataille de la Somme avait commencé quelques mois plus tôt.

Développés depuis quelques années déjà dans le plus grand secret, les chars d’assaut n’inspiraient généralement pas confiance aux autorités militaires de l’époque. Mais leur mise à l’essai en situation de combat en 1916 révéla leur véritable potentiel. Des officiers militaires bien connus, comme l’Américain George S. Patton, croyaient tellement au rôle déterminant des chars d’assaut, qu’il fut parmi les premiers officiers à commander des unités blindées.

Les chars étaient alors lourds, lents, bruyants et pouvaient facilement être localisés par le panache de fumée noire qu’ils laissaient échapper derrière eux. Les premiers modèles étaient fabriqués en bois avec une armature en métal; on opta rapidement pour une structure complète en métal, plus résistante au feu et aux obus de gros calibre.

La période entre les deux guerres mondiales a vu d’importantes améliorations apportées aux chars d’assaut. Lorsque la Deuxième Guerre mondiale éclate en 1939, on ne se pose plus de questions sur l’efficacité des chars. Des unités de chars d’assaut existent alors dans chaque armée. En 1941, le Canada produit son premier char d’assaut, le Cruiser, et la fabrication continuera tout au long du conflit.

Les unités blindées canadiennes utilisaient plusieurs modèles de chars durant la Deuxième Guerre mondiale, comme ici un Sherman, de fabrication américaine.

Vous avez des questions ou des commentaires? N’hésitez pas à communiquer avec nous!